Premier Chapitre
CHAPITRE 1Ava Flowy ne glissait pas, elle volait, ses skis touchant à peine le sol.
Dévalant à toute vitesse la piste, elle était emplie de joie et n’avait qu’un seul mot en tête : vitesse. Accélérant de plus en plus rapidement, toujours plus vite, elle s’élança sur le tremplin, haut comme une maison. La skieuse sauta en exécutant parfaitement un triple salto arrière qui lui vaudra sûrement demain, lors du Championnat du Monde de ski freestyle, un dix sur dix. En effet, même si Ava n’avait que douze ans, elle présentait déjà un don inné pour le ski freestyle, sport qu’elle pratique depuis l’âge de deux ans et qu’elle aime par-dessus tout.
Ava et sa famille, les Flowy, vivent dans un petit village dans les Alpes françaises nommé Chamonix. Cette commune étant située près de la plus haute montagne de France, le Mont Blanc, s’élevait à plus de dix mille mètres d’altitude.
Elle offrait à la famille d’Ava les meilleures sensations de glisse que n’importe quel skieur ou snowboardeur pourrait désirer. Ava n’était pas la seule personne à aimer les sports de glisse dans sa famille mais la seule passionnée de ski. Les trois autres membres de sa famille étaient des snowboardeurs dans l’âme.
Son père et sa mère, Yann et Elena, avaient gagné plusieurs titres olympiques et s’étaient d’ailleurs rencontrés à l’un de ces nombreux championnats. Le petit frère d’Ava, Nolan, appréciait quant à lui le snowboard mais sa paresse l’emportait souvent sur l’envie de faire du sport. C’était le moins sportif de la famille.
Lorsqu’Ava eut fini de s’entraîner, elle rentra chez elle par les télécabines, bâtons et skis à la main. Quand elle fut sur le seuil de la porte, elle prit le temps d’observer la belle et chaleureuse façade en bois de son bien-aimé chalet, le magnifique jardin parfaitement tondu dont l’odeur boisée se confondait avec la fraîcheur ambiante et le toit tout en végétaux dont les branches pendaient le long de la façade mais, ce qu’elle préférait plus que tout, c’était la vue époustouflante qui s’offrait à elle tous les soirs avec tout plein de sapins sur lesquels étaient perchés de mignons petits écureuils dont le pelage brun semblait se teindre en roux sous le coucher du soleil, les élans et les cerfs qui broutaient non loin de là et, le plus beau de tout, le soleil couchant qui l’enchantait chaque soir.
Une fois le seuil franchi, elle déposa ses affaires dans l’encadrement de la porte en chêne massif conçue pour résister au froid polaire qui envahissait Chamonix durant chaque hiver, alla embrasser ses parents qu’elle n’avait pas vus depuis ce matin, salua son petit frère posté sur le canapé en tissu rouge bordeaux d’un signe de la main puis alla prendre une bonne douche bien chaude comme elle les aimait.
Après s’être douchée, Ava alla dîner avec ses parents et son frère dans la grande salle à manger juxtaposée au salon. Le dîner était toujours une période très animée chez les Flowy : chacun racontait sa journée, son aventure comme disait Ava. Pour elle, la vie n’était qu’une longue et périlleuse aventure.
C’était d’ailleurs une fille très courageuse et déterminée, pour qui les défis étaient une véritable passion car elle se plaisait énormément à les relever toujours avec panache et fierté. Elle aimait faire les choses à la perfection, possédait également un très grand cœur et avait toujours pour objectif de dépasser ses limites. Mais c’était aussi et surtout une grande rêveuse qui possédait une imagination débordante.
- Ava, Ava ?
- Oui papa, qu’y a-t-il ? demanda la jeune fille.
- Alors, raconte-nous, lui dit son père Yann, qu’as-tu fait aujourd’hui ?
- Eh bien, je me suis entraînée, c’est tout, expliqua Ava d’une voix distraite, la tête dans les nuages comme souvent. D’ailleurs, j’ai peaufiné mon triple salto arrière pour qu’il soit parfait. Demain, je reviendrai avec la coupe entre les mains, vous pouvez me croire !
La skieuse avait maintenant les yeux étincelants d’excitation au vu de la compétition qui se déroulait le lendemain et l’esprit aux aguets.
- Nous l’espérons bien et sommes à fond avec toi, l’encouragea sa mère Elena.
Une fois le dîner terminé, Ava alla se coucher car ses parents disent toujours que pour être rempli d’énergie le matin, il fallait commencer par avoir une bonne nuit de sommeil et la jeune fille comptait bien suivre ce conseil à la lettre.
Bip, bip !
Ava se réveilla en sursaut lorsqu’elle entendit la sonnerie du réveil qui annonçait qu’il était sept heures et par la même occasion le début d’une nouvelle et excitante aventure qui allait à coup sûr bouleverser sa carrière de skieuse professionnelle. Impatiente comme rarement elle l’a été auparavant, elle descendit l’escalier à toute allure et se rua vers son petit-déjeuner qu’elle avala goulûment.
Ensuite, la jeune fille s’habilla en vitesse, prenant soin de bien enfiler les nombreuses protections nécessaires à sa sécurité, se dépêcha afin de ne pas être en retard, attrapa ses bâtons verts fluorescents qui lui ont toujours porté bonheur et ses skis jaunes étincelants pour ensuite emprunter une télécabine.
Quelques minutes plus tard, Ava était enfin arrivée sur le lieu du Championnat du Monde. C’était le snowpark de Chamonix, dénommé le Tour, un endroit assez étroit mais avec quand même 3 types de bosses, ce qui offrait une multitude de figures à réaliser. Le Tour était bordé d’arbres qui formaient une forêt immense s’étendant sur toute la moitié de la montagne. Ce gigantesque regroupement d’arbres en tout genre, des sapins, des épicéas en passant par les hêtres et les frênes, attirait bon nombre de touristes, désireux de pouvoir observer la diversité de la nature dans son intégrité.
Pour l’occasion, les organisateurs du Championnat avaient mis de la musique afin de mettre de l’ambiance, une tribune pour les spectateurs à côté des bosses les plus impressionnantes et un endroit pour que les compétiteurs puissent s’échauffer, discuter entre eux, chausser leurs skis et se préparer avant le début du championnat.
A l’entrée du snowpark, quelques personnes, bénévoles sûrement, attribuaient des dossards aux participants qui permettaient de déterminer l’ordre de passage. Ava se vit attribuer le numéro 1.
- Bonjour à tous, lança le présentateur sous une clameur d’applaudissements et de cris, nous sommes en direct du Championnat du Monde de ski freestyle qui se déroule, ici, à Chamonix sur le snowpark le Tour. Vous allez maintenant découvrir la candidate numéro 1. Elle s’appelle Ava Flowy et elle n’a que douze ans. Elle vit ici, à Chamonix, et pratique le ski freestyle depuis son plus jeune âge, c’est la plus jeune de nos participantes. Mais que va-t-elle nous réaliser comme figure ? Nous allons le découvrir tout de suite.
Le présentateur tendit le micro à Ava qui le prit en souriant fièrement.
- Je vais exécuter un triple salto arrière, répondit la candidate dans le micro avec entrain.
- Quoi ! s’exclama le présentateur, mais c’est la figure la plus compliquée de l’histoire du ski freestyle ! A mon humble avis, je te trouve complètement folle mais bon, il faut bien prendre des risques dans la vie, n’est-ce pas ? Veuillez faire un tonnerre d’applaudissements pour Ava Flowy !
Ava souffla, se détendit et se positionna en haut de la piste qui était composée de trois bosses de difficultés progressives : une petite, une moyenne et une grande. La skieuse devait faire son enchaînement de saltos sur la troisième bosse afin d’avoir la meilleure note possible. Pour cela, elle devait partir dès que le top départ sera lancé, ce qui lui donnera un maximum de vitesse.
Le signal de départ retentit. Ava s’élança en direction de la première bosse.
Son excellent départ lui permit d’avoir une allure fulgurante. Une fois arrivée sur la première bosse, elle plia les jambes, prit son élan et sauta. Elle atterrit parfaitement sur le sol enneigé. Pareil pour la deuxième bosse : saut d’exception et atterrissage admirable.
Il ne lui restait plus que la troisième bosse. La skieuse était maintenant plus concentrée que jamais. Elle sauta et exécuta son triple salto arrière. Elle avait fini sa figure et était maintenant dans les airs, prête à atterrir quand, soudain, une force mystérieuse la fit dévier de sa trajectoire et la fit atterrir dans les bois.
La dernière chose qu’elle vit fut le sol qui, étrangement, n’était pas recouvert de neige. Aussitôt après, elle perdit connaissance.