Premier Chapitre
LE MIRACLE DE SAINTE RITAAntoine, crispé sur son volant, a bien du mal à maintenir la trajectoire de son véhicule. La pluie qui n’avait cessé de tomber depuis son départ s’est progressivement transformée en neige. Et la nuit commence à s’installer. Cela rend la conduite très difficile. Ses phares ont du mal à percer l’épais rideau de flocons. La visibilité de plus en plus restreinte et la chaussée de plus en plus glissante l’obligent à une extrême prudence.
La route continue à s’élever, rendant improbable un retour rapide à de meilleures conditions. Et son Jumper n’est pas équipé de pneus pour la neige. À quoi cela aurait-il servi d’ailleurs puisqu’il n’aurait jamais dû circuler en dehors de Lyon ?
Il se dit qu’il lui fallait absolument chercher un hébergement maintenant. Mais où trouver un hôtel dans ce coin où il est venu se perdre ? Du reste, il ne sait même pas où il est. Depuis deux heures, il n’avait cessé de choisir son chemin au hasard, prenant tantôt à droite tantôt à gauche ou poursuivant tout droit sans plus de raison que son humeur de l’instant.
La colère, qui l’habitait depuis son départ, fait place maintenant à l’inquiétude. Par moment, son véhicule patine, mais il réussit chaque fois à le tenir sur la route. Il approche d’une intersection où il prend le temps de déchiffrer les panneaux, tous coiffés d’un petit chapeau de neige. Par chance, ils sont encore lisibles. L’un d’eux indique une chambre d’hôtes en direction de La Neuville.
« Je n’ai pas le choix. Sinon, je dors dans la camionnette. Encore cinq minutes et je serai à l’abri », pense-t-il, convaincu que la chance est avec lui.
Il s’engage prudemment sur la droite, toujours accroché au volant, le nez sur le pare-brise pour essayer de mieux voir la route qui monte légèrement. Il peine à garder la trajectoire et il n’a pas parcouru 500 mètres que son véhicule se met à patiner et bloque près d’une petite construction. Il essaye de faire marche arrière puis de se relancer mais rien n’y fait. Une fois, deux fois, trois fois. Le camion refuse obstinément d’avancer. Il ne fera pas de quatrième essai. À quoi cela servirait-il ?
De rage, Antoine frappe un grand coup sur le volant. Ça soulage les nerfs, mais ça ne remet pas pour autant la camionnette en route. Échouer si près du but ! Il comprend qu’il ne lui reste plus qu’à partir à pied pour rejoindre la chambre d’hôtes.