Note globale : 10/10
Note littéraire: 10/10
Mon résumé
Le Directeur d'une chaîne de télé suisse allemande décide d'ordonner une expédition dans le haut Languedoc qu'il soumet à ses meilleurs journalistes et porte son dévolu sur un village rustre et oublié de la civilisation où ils devront enquêter en caricaturant les us et coutumes de ses habitants d'un terroir viticole perdu. Armés de caméra et autres filets, ils parviennent à Rustoland. Accueillis chaleureusement par une tenancière d’hôtel plus que loquace, les nouveaux arrivants apprendront tout de la région et du terroir, mais aussi l'apologie du vin AOC leur sera conté ainsi que l'histoire de France, des Romains à nos jours.
Des Cathares à la guerre de 100 ans, puis de la Renaissance à Louis XIV, c'est toute la vie rurale qui est expliquée avec force détails et humour, allant des impôts qui grévent les contribuables aux épidémies et intempéries qui saccageaient les récoltes. De Richelieu à la guerre d'Espagne, Louis XVI et la Révolution, on apprend le contenu des archives communales qui détaille la vie des villages. De Bonaparte à la culture de la vigne de la région où ils se trouvent, on apprend ensuite l'abc de sa culture, du phylloxéra aux porte-greffe américain ! L'ampleur du sujet mérite alors, d'après l'auteur, tout un chapitre sur le pourquoi commercialiser du vin de piètre qualité alors que les marchés viticoles s'effondrent en raison du surplus de vins produit en tonneaux. On sent la révolte non dissimulée de l'auteur, fort concerné par l’œnologie de par ses diatribes sur la chute du cours en 1907 et les manifestations viticoles du Languedoc qui manifestent contre la piquette.
Le cours d'histoire se poursuit avec plus de passion encore alors qu'elle évoque les trois guerres de 1870 1914/1918 et la der des der ! Le ton devient passionné, engagé, et réponds à beaucoup de nos interrogations d'écoliers pour qui le programme n'était que survolé, à notre grand bonheur. L'origine de l'Alsace-Lorraine perdue puis rendue à la France remet les pendules en place quant à l'indemnité incomplètement versé par les allemands. Le « cours » devient peu à peu « fanatique » quant à l'évocation de l'URSS allié à Hitler, condamnant l'Espagne à la dictature de Franco. Puis Vichy, la déportation juive, la libération et le bilan... Des chiffres effarants de morts, blessés, jusqu'au prix du baril !
Cinquante pages plus tard, La maître d'hôtel intarissable s'étend de nouveau sur la fierté régionale qu'est leur vin AOC Corbières, sa composition selon les cépages jusque le plan architectural des rues qui ont façonné le village. De l'histoire de France, on apprend tout de l'histoire de la vigne des hauts plateaux méditerranéens.
Appréciation générale
En une phrase : Un roman satyrique et truffé de pôtins, fables et drôleries sur la vie et les mœurs au sein d'une campagne déserté des gens de la ville, perdue en plein haut Languedoc, qui survit grâce au vin d'appellation AOC Corbières dont l'apologie contraste curieusement avec le caractère rustres et frileux de ces hommes de la terre où l'auteur ne nous épargne aucun des détails sordides, parfois, de leur vie de couple ou de leur vie tout court, abandonné à la naissance ou cocufié.
C'est la vie des passions : passion du vin, passion de l'histoire, celle des animaux de ferme ou du cassoulet et surtout, la passion du bavardage !!!
Ce que j'ai particulièrement apprécié :
- 50 pages de délectation pour les férus d'anecdotes historiques, chronologiquement parfaitement romancé, qui plonge le lecteur dans les livres de son enfance ravivés à sa mémoire, alors que nous lisons l'histoire de notre France, sous un jour truculent et savoureux à la fois.
- Lorsqu’il évoque la vie d'un homme qui fait de la sienne, un combat contre les « cons ». Et de là, les décrire et les classifier. Du con discret au con voyeur, du patriote à celui réactionnaire, tout le monde y passe de sa lorgnette, y compris les joueurs de foot et le comment s'en prémunir tant ils gangrènent... Amusant et hilarant !
- Puis un « gentil et discret bordel » tenu par deux femmes d'un certain age, qui dévoie subtilement les hommes attirés dans leurs doux filets... La réputation de Rustoland est faîte !
- L'entrevue avec le Maire est incontournable : Son parcours jusqu'à l'origine de son village, nous est raconté sur fond de couleur de peau et obligations d’assainissement : des fonctions d'administré local qui nous en apprennent long sur les obligations municipales de la campagne face à la ville.
- Reste enfin la vie réelle du village narré par un étrange bonhomme à l'écart du village, qui a retapé sa bâtisse délabré en se connectant en dehors des installations officielles ; un hédoniste qui vit en reclus et leur livre l'histoire de sa vie et ses conceptions civiques... Ses accommodements avec la Loi et la vérité, l’histoire de ces femmes copines, mais lesbiennes en réalité, et leur commerce – sexuel- qui détournent bien des maris mais aussi, préservent bien des femmes des violences conjugales...
- Le chapitre dédié à La Pigne qui nous fait découvrir son installation "maison", ses inventions créatives et sa vie en autarcie digne de mai 68 à l'époque des bergers dans le Larzac.
- Le parcours digne du combattant de ce futur légionnaire missionné cinq ans en Algérie, dans la rue à quinze ans, m'a passionné de par la justesse des détails, et la véracité poignante.
- De la diatribe portant sur les catégories de femmes de la commune, c'est à dire leurs capacité à "sentir" et vivre l'homme... page 232 à la prostitution page 240 où la vertu est mise à bas et le vice sacralisé.
Autres commentaires
Style littéraire :
Un roman particulièrement soigné, coloré, qui m'a donné l'impression de revivre en arrière, dans le passé de ces fermes viticoles perdues, où les conditions de vie étaient misérables, souvent. Le plan est soigné, méticuleux. Les chapitres très bien fragmentés. Le style est concis, sans impétuosité ni surprise. On y est vraiment : que ce soit au restaurant, ou devant le Maire. Aucun détail n'est anodin ni de trop et on ne se noie pas dans des longueurs crispantes et inutiles.
Mon sentiment sur le titre du livre :
Le titre ne me parait pas assez évocateur du contenu de ce fabuleux roman. Le mot "bienvenue" me semble plutôt bien ironique. Rustoland me paraît curieux et peu français.
"Le Don Quichotte parafant Le Zèbe au cœur de l'oenotourisme "aurait été adapté et bien mystérieux.
Ce que je pense des personnages :
Ce que je pense du thème général du livre :
J'ai aimé le thème peu commun ! Raconter tour à tour, avec passion, à la fois l'histoire de notre France en même temps que celle du vin du sud-est avec les fredaines des paysans relèvent d'un exploit selon moi car il n'est point aisé de nous faire tenir en haleine, au cœur de tous ces histoires bien différentes et passionnantes ! Un régal que de le lire et le relire pour s'en imprégner davantage !
Ce livre ferait-il un bon film ? :
Assurément, ce roman consacrerait un film fort et puissant, tel celui, nominé du 1er prix vers 1976 et ayant trait à la vie des pauvres métayers et fermiers en Italie du nord.
Evaluation par Sibille Joelle
Mon résumé
Le Directeur d'une chaîne de télé suisse allemande décide d'ordonner une expédition dans le haut Languedoc qu'il soumet à ses meilleurs journalistes et porte son dévolu sur un village rustre et oublié de la civilisation où ils devront enquêter en caricaturant les us et coutumes de ses habitants d'un terroir viticole perdu. Armés de caméra et autres filets, ils parviennent à Rustoland. Accueillis chaleureusement par une tenancière d’hôtel plus que loquace, les nouveaux arrivants apprendront tout de la région et du terroir, mais aussi l'apologie du vin AOC leur sera conté ainsi que l'histoire de France, des Romains à nos jours. Des Cathares à la guerre de 100 ans, puis de la Renaissance à Louis XIV, c'est toute la vie rurale qui est expliquée avec force détails et humour, allant des impôts qui grévent les contribuables aux épidémies et intempéries qui saccageaient les récoltes. De Richelieu à la guerre d'Espagne, Louis XVI et la Révolution, on apprend le contenu des archives communales qui détaille la vie des villages. De Bonaparte à la culture de la vigne de la région où ils se trouvent, on apprend ensuite l'abc de sa culture, du phylloxéra aux porte-greffe américain ! L'ampleur du sujet mérite alors, d'après l'auteur, tout un chapitre sur le pourquoi commercialiser du vin de piètre qualité alors que les marchés viticoles s'effondrent en raison du surplus de vins produit en tonneaux. On sent la révolte non dissimulée de l'auteur, fort concerné par l’œnologie de par ses diatribes sur la chute du cours en 1907 et les manifestations viticoles du Languedoc qui manifestent contre la piquette. Le cours d'histoire se poursuit avec plus de passion encore alors qu'elle évoque les trois guerres de 1870 1914/1918 et la der des der ! Le ton devient passionné, engagé, et réponds à beaucoup de nos interrogations d'écoliers pour qui le programme n'était que survolé, à notre grand bonheur. L'origine de l'Alsace-Lorraine perdue puis rendue à la France remet les pendules en place quant à l'indemnité incomplètement versé par les allemands. Le « cours » devient peu à peu « fanatique » quant à l'évocation de l'URSS allié à Hitler, condamnant l'Espagne à la dictature de Franco. Puis Vichy, la déportation juive, la libération et le bilan... Des chiffres effarants de morts, blessés, jusqu'au prix du baril ! Cinquante pages plus tard, La maître d'hôtel intarissable s'étend de nouveau sur la fierté régionale qu'est leur vin AOC Corbières, sa composition selon les cépages jusque le plan architectural des rues qui ont façonné le village. De l'histoire de France, on apprend tout de l'histoire de la vigne des hauts plateaux méditerranéens.
Appréciation générale
En une phrase : Un roman satyrique et truffé de pôtins, fables et drôleries sur la vie et les mœurs au sein d'une campagne déserté des gens de la ville, perdue en plein haut Languedoc, qui survit grâce au vin d'appellation AOC Corbières dont l'apologie contraste curieusement avec le caractère rustres et frileux de ces hommes de la terre où l'auteur ne nous épargne aucun des détails sordides, parfois, de leur vie de couple ou de leur vie tout court, abandonné à la naissance ou cocufié. C'est la vie des passions : passion du vin, passion de l'histoire, celle des animaux de ferme ou du cassoulet et surtout, la passion du bavardage !!!
Ce que j'ai particulièrement apprécié : - 50 pages de délectation pour les férus d'anecdotes historiques, chronologiquement parfaitement romancé, qui plonge le lecteur dans les livres de son enfance ravivés à sa mémoire, alors que nous lisons l'histoire de notre France, sous un jour truculent et savoureux à la fois. - Lorsqu’il évoque la vie d'un homme qui fait de la sienne, un combat contre les « cons ». Et de là, les décrire et les classifier. Du con discret au con voyeur, du patriote à celui réactionnaire, tout le monde y passe de sa lorgnette, y compris les joueurs de foot et le comment s'en prémunir tant ils gangrènent... Amusant et hilarant ! - Puis un « gentil et discret bordel » tenu par deux femmes d'un certain age, qui dévoie subtilement les hommes attirés dans leurs doux filets... La réputation de Rustoland est faîte ! - L'entrevue avec le Maire est incontournable : Son parcours jusqu'à l'origine de son village, nous est raconté sur fond de couleur de peau et obligations d’assainissement : des fonctions d'administré local qui nous en apprennent long sur les obligations municipales de la campagne face à la ville. - Reste enfin la vie réelle du village narré par un étrange bonhomme à l'écart du village, qui a retapé sa bâtisse délabré en se connectant en dehors des installations officielles ; un hédoniste qui vit en reclus et leur livre l'histoire de sa vie et ses conceptions civiques... Ses accommodements avec la Loi et la vérité, l’histoire de ces femmes copines, mais lesbiennes en réalité, et leur commerce – sexuel- qui détournent bien des maris mais aussi, préservent bien des femmes des violences conjugales... - Le chapitre dédié à La Pigne qui nous fait découvrir son installation "maison", ses inventions créatives et sa vie en autarcie digne de mai 68 à l'époque des bergers dans le Larzac. - Le parcours digne du combattant de ce futur légionnaire missionné cinq ans en Algérie, dans la rue à quinze ans, m'a passionné de par la justesse des détails, et la véracité poignante. - De la diatribe portant sur les catégories de femmes de la commune, c'est à dire leurs capacité à "sentir" et vivre l'homme... page 232 à la prostitution page 240 où la vertu est mise à bas et le vice sacralisé.
Autres commentaires
Style littéraire : Un roman particulièrement soigné, coloré, qui m'a donné l'impression de revivre en arrière, dans le passé de ces fermes viticoles perdues, où les conditions de vie étaient misérables, souvent. Le plan est soigné, méticuleux. Les chapitres très bien fragmentés. Le style est concis, sans impétuosité ni surprise. On y est vraiment : que ce soit au restaurant, ou devant le Maire. Aucun détail n'est anodin ni de trop et on ne se noie pas dans des longueurs crispantes et inutiles.
Mon sentiment sur le titre du livre : Le titre ne me parait pas assez évocateur du contenu de ce fabuleux roman. Le mot "bienvenue" me semble plutôt bien ironique. Rustoland me paraît curieux et peu français. "Le Don Quichotte parafant Le Zèbe au cœur de l'oenotourisme "aurait été adapté et bien mystérieux.
Ce que je pense des personnages :
Ce que je pense du thème général du livre : J'ai aimé le thème peu commun ! Raconter tour à tour, avec passion, à la fois l'histoire de notre France en même temps que celle du vin du sud-est avec les fredaines des paysans relèvent d'un exploit selon moi car il n'est point aisé de nous faire tenir en haleine, au cœur de tous ces histoires bien différentes et passionnantes ! Un régal que de le lire et le relire pour s'en imprégner davantage !
Ce livre ferait-il un bon film ? : Assurément, ce roman consacrerait un film fort et puissant, tel celui, nominé du 1er prix vers 1976 et ayant trait à la vie des pauvres métayers et fermiers en Italie du nord.
Evaluation par Sibille Joelle