Premier Chapitre
Je m’en rappelle parfaitement. Pendant ces instants, c’est comme si votre conscience savait que tout allait basculer.Un bruit assourdissant commença à faire trembler l’air entier, semblant venir de partout et de nulle part à la fois. Je suis sortie en courant sur la terrasse. Mon singe domestique se jucha sur mon épaule, agité. Il pressentait un malheur.
La voûte céleste au-dessus de nous était rouge sang. Hypnotisée par cette immensité annonciatrice des innombrables vies qui allaient disparaître, je scrutais le ciel, lorsque je les aperçus : de titanesques boules de feu déchiraient l’atmosphère et fusaient droit vers nous. Il y en eut bientôt tellement que, partout où je tournais la tête, je ne voyais que cela.
Une première boule de feu s’écrasa, non loin du palais, provoquant un premier séisme. Des arbres prirent feu et l’incendie se propagea rapidement. J’aurais dû fuir sans hésiter, mais j’étais figée. Ce furent les gardes royaux qui vinrent me chercher pour me convaincre de les suivre au plus vite.
La terre s’ébranlait avec une fréquence accrue, présageant d’une destruction certaine. Les murs du palais commencèrent à se fissurer sous la pression des secousses répétées et les gardes qui m’entouraient doublèrent l’allure. Ils m’escortèrent jusqu’au port où je retrouvai ma sœur mais ne vis nulle part mon père. Affolée, je questionnai mon entourage. Un des gardes m’informa qu’il avait choisi de rester pour superviser les mages protecteurs et sauver le plus de ses sujets.
« Mais s’il reste là-bas il va mourir ! désapprouvai-je.
- Désolé, votre Altesse, me répondit le garde avec déférence. Il m’a lui-même ordonné de vous mettre en sécurité et vous interdit de le rejoindre.
- Mais c’est notre roi, on ne peut pas l’abandonner !
- Il savait que vous diriez cela, enchaîna-t-il. Il m’a chargé de vous répondre que l’avenir de ce pays c’était vous désormais, et non plus lui. »
***
Imaginez un autre monde. Différent, et pourtant si semblable à celui que vous connaissez. Oui, celui que vous connaissez. Je connais votre terre, mais je ne suis pas une de ses habitantes. Je la connais parce que j’y ai vécu, mais cela, vous le comprendrez à la fin de ce livre.
Le récit que je souhaite conter commence dans le petit village de Namloho, en Silfania, seul pays connu de ce monde.
Tout était paisible. La forêt de bouleaux qui bordait ce calme hameau pétillait des couleurs du printemps. Ellia, une jeune fille aux yeux aussi bruns que sa chevelure, s’y sentait réconfortée. Le rouge vermeil des pétales, le blanc ivoirin de l’écorce, le vert émeraude de la végétation trouvaient une résonnance particulière en elle. Une douce lumière dorée filtrait au travers des arbres, révélant l’heure avancée de l’après-midi. Des milliers de gouttelettes, déposées sur le feuillage par la dernière pluie, reflétaient à l’infini les rayons du soleil.
Du haut de ses onze ans, Ellia savait déjà se repérer parfaitement dans cet océan de verdure qui était pour elle sa deuxième maison. Elle ne craignait pas les dangers qu’elle pouvait y rencontrer, persuadée que la forêt la protégeait.
Elle reprit sa marche et aperçut finalement le plus grand des arbres, celui qu’elle était venue voir. Un immense chêne, haut de plusieurs mètres, se dressait tel un étranger au milieu des bouleaux.
Sans hésiter, elle sauta avec adresse sur la première branche. Puis se hissa sur la deuxième. Usant de l’agilité qu’elle avait acquise au cours de sa jeune vie, elle monta le long du tronc, connaissant parfaitement les pièges, les mystères du chêne ancestral. Elle grimpa, impatiente d’atteindre le sommet. Elle avait l’impression de se rapprocher du ciel. L’endroit où son père, qu’elle n’avait pas connu, était peut-être.
D’ici, elle surplombait tout. Elle pouvait voir les contours de l’île sur laquelle était basé son village. Et plus loin, au-delà de la mer, se trouvait le reste du pays avec sa capitale, son commerce, et le palais du Haut Dirigeant.
Elle parcourut la canopée du regard, contemplant la mosaïque éclatante qui s’étendait sous ses pieds. Et là ? Qu’est-ce que c’était ? Une forme blanche se déplaçait avec difficulté. Ellia, piquée par la curiosité, redescendit à la hâte. Il fallait qu’elle vît ce que c’était. Pied à terre, elle s’élança à la poursuite de l’étrange silhouette.
Elle courait, haletante. Ses yeux entraînés repérèrent bientôt des signes de passage. La créature avait laissé des empreintes en forme de croissant dans la boue humide. Un cheval ? Non, plus petit. Perplexe, elle remonta la piste. Soudain, au détour d’un bouleau, elle s’arrêta net. Un poulain blanc était étendu sur l’herbe fraîche, souffrant. Il était étrange qu’un si jeune cheval, affaibli de surcroît, se trouvât seul dans la forêt, car les chevaux sauvages n’existaient plus en Silfania depuis longtemps. Elle décida de l’observer un moment, se dissimulant derrière un des rares buissons, à peu de distance.
Son regard incisif lui permit de détailler le poulain avec précision. Il possédait une crinière rouge vif et des yeux d’un bleu azur limpide. Elle estima qu’il ne devait pas mesurer plus d’un mètre vingt au garrot ; ce qui, comme le lui avait appris sa mère, devait équivaloir à la taille d’un poulain de quelques mois à peine. Malgré sa frêle allure et son impassibilité, il dégageait une aura pénétrante. Jamais elle n’avait eu l’occasion de voir pareil spécimen.
Elle s’accroupit et quitta son poste. Il tourna la tête dans sa direction : il l’avait remarquée mais demeura immobile. Leurs regards se croisèrent et cela la décontenança. Quelle intensité ! Elle avait l’étrange sentiment de le connaître depuis toujours. Sans qu’elle sût pourquoi, la conviction que leur rencontre n’était pas due au hasard s’imposa.
Elle s’approcha et le souffle difficile de l’animal se détacha du silence. Cette situation la peinait. La distance qui les séparait dimunua encore. Il bougea, hocha la tête de haut en bas. Ne sachant comment interpréter ce geste, elle choisit de le rassurer.
Le bruit des branches sèches qu’elle écrasait sur son passage résonnait dans la forêt calme. Plus que trois mètres. Il remua doucement et, dans un parfait ensemble, leurs deux respirations s’accélérèrent. Maintenant, elle était assez près pour le toucher. Toujours aucune réaction. Un moment immobile, elle finit par avancer le bras. À l’approche de sa paume, le poulain leva la tête vers la caresse et ferma les yeux. Le pelage était d’une douceur inattendue.
Soudain la réalité disparut et ce fut comme un rêve éveillé.
Elle se tenait debout au milieu de la sylve silfanienne, et il était là lui aussi, être immaculé à ses côtés. Il régnait une harmonie que rien ne semblait pouvoir troubler. Elle ressentait une agréable chaleur dans sa poitrine : elle avait un cœur de feu.
Le contact fut rompu et la vision cessa. Elle revint au monde réel et à ce poulain, qui la dévisageait. Que venait-il de se passer ?
Il étira ses jambes antérieures, dévoilant une longue plaie s’étirant sur toute la partie supérieure du membre gauche. Cela avait saigné abondamment mais, à présent, la vitale substance pourpre avait coagulé. La blessure virait au marron, presque noir : c’était de mauvais augure. Elle frissonna et arracha un pan de son vêtement. Elle noua le bandage improvisé autour de sa patte. La chétive créature tenta de se relever.
« Non, reste là. Ne bouge surtout pas. Je vais chercher maman. »
Elle se releva et hésita : devait-elle l’abandonner maintenant ? Blessé, c’était une proie facile. Mais toute seule, elle était impuissante. Elle inspira à fond et partit en courant vers le village. Les bouleaux défilaient. Jamais il n’y eut course aussi rapide ! Chaque seconde qui passait était un risque en plus.
La jeune adolescente arriva enfin à l’orée de la forêt, ses jambes à peine capables de la soutenir. Elle passa en trombe devant quelques maisons, tambourina à sa porte et cria à pleins poumons. Au bout d’un temps qui lui parut infiniment long, sa mère apparut sur le seuil :
« Ellia, qu’est-ce qui se passe ? »
Les mots s’enchaînèrent d’une manière si inintelligible qu’elle ne comprit pas tout ce qui était raconté. Sa mère parvint néanmoins à saisir les mots « poulain » et « affaibli » et se hâta d’atteler Stan, leur cheval de trait, tandis que sa fille s’employait à y attacher le petit chariot qu’elles possédaient.
La nuit tombait presque lorsqu’elles firent le chemin inverse. Et si c’était déjà trop tard ? Ellia ne comprenait pas pourquoi elle s’inquiétait tant pour un animal dont elle ignorait tout.
Tous ces noirs sentiments se dissipèrent dès qu’elle le découvrit, toujours allongé au même endroit. Elle sourit, la forêt l’avait protégé.
« Ça m’a l’air profond et ancien, asséna Vesty en examinant la cicatrisation. C’est un miracle qu’il ne soit pas déjà mort à cause de l’hémorragie. Aide-moi à le mettre sur la charrette. »
Avec mille précautions, mère et fille, haletantes, réussirent à l’y déposer. Ils retournèrent à la maison, tandis que les astres de la nuit brillaient dans le ciel, observateurs secrets des événements qui allaient bousculer la vie des Silfaniens.
***
Vesty déposa les couvertures pour la nuit à côté du poulain blanc, qui gisait inconscient sur un lit de paille fraîche, recouvert jusqu’aux épaules par un fin lainage.
La plaie avait été désinfectée et recousue du mieux possible, mais l’équidé avait de la fièvre. Il avait fallu user de toutes les connaissances botaniques disponibles pour lui préparer potions et baumes. Néanmoins, sa mère avait été franche : il y avait peu de chance pour qu’il s’en sortît.
Ellia, à genoux, rafraîchit l’animal avec un peu d’eau. La peau était brûlante et la respiration saccadée.
Il y avait quelque chose entre ces deux êtres, c’était indéniable. Vesty les observait, et une peur irrépressible montait en elle. L’arrivée de cette créature extraordinaire, c’était sa vie d’avant qui ressurgissait, celle-là même que sa fille ne connaissait pas et que Vesty devait taire pour les garder toutes les deux en sécurité.
« Ses sabots, maman ! s’exclama l’adolescente. Ce n’est pas de la kératine !
- Oui, j’ai remarqué. Ils sont aussi durs que du granit et noirs comme l’ébène ! Je n’ai rien vu de tel de toute ma vie, et je peux dire qu’elle a été plus que longue ! »
Sa mère se força à sourire puis reprit :
« Allez, bonne nuit ma chérie. »
Cette première nuit fut épuisante pour Ellia. Son angoisse prenait le pas sur la fatigue, la réveillant en sursaut plusieurs fois, la persuadant qu’il avait cessé de respirer. Mais, à chaque fois, suivait une autre inspiration salvatrice. Elle l’épongea, à maintes reprises et à intervalles réguliers, mais ses efforts semblaient vains : la peau restait toujours brûlante, la température ne redescendait pas.
A cette veillée, succédèrent beaucoup d’autres. Le poulain luttait toujours contre la maladie, encouragé par les caresses et les paroles de réconfort qu’on lui prodiguait quand il commençait à gémir, à demi-conscient. Ellia prit soin de lui, encore et encore, et ne se découragea pas. Elle resta à ses côtés, le pressa contre elle pour le réchauffer, espérant que la puissance qui l’avait protégé dans la forêt le veillât à nouveau.
Finalement, le désir de vivre fut le plus fort, et la faible créature commença à montrer des signes de rétablissement. Un matin, enfin, il tenta de se mettre debout, en allongeant une patte, puis l’autre. Poussant de toutes ses forces, il se tint devant Ellia quelques instants, avant de retomber lourdement sur la paille. Il était encore exténué, mais ce geste valait, pour la jeune fille, plus que mille trésors. Elle riait et pleurait en même temps. La guérison était toute proche ! Ce n’était plus qu’une question de temps.
On entendit des pas se diriger vers l’écurie :
« Maman ! Maman ! Il va mieux !
- Merveilleux ! »
Vesty entraîna sa fille dans la cuisine. Rudimentaire était l’adjectif qui convenait le mieux : une table, des placards à peine assez grands pour contenir leur garde-manger, et une petite fenêtre, dispensant la lumière nécessaire pour éclairer la pièce, qui donnait sur le reste du village.
C’était l’anniversaire d’Ellia et sa mère ne l’avait pas oublié, comme toujours. En cadeau, elle reçut une superbe cape violet zinzolin portant ses initiales brodées en lettres dorées. Le fin tissage et les finitions minutieuses rendaient nettement reconnaissable le travail de sa mère qui témoignait d’années d’expérience. Le vêtement fut aussitôt essayé. De grande taille, la cape descendait jusqu’aux pieds et recouvrait entièrement les épaules. Ellia la remercia, émue, et, toute la journée, on célébra ce jour spécial.
Durant les semaines qui suivirent, le jeune cheval et la jeune adolescente jouèrent sans arrêt dans le pré. Ils se poursuivaient à travers l’enclos, inventant des jeux dont ils connaissaient instinctivement les règles, sans besoin aucun de communication.
Tellement d’innocence et de joie, pensait Vesty en les examinant, et tellement de complicité. À cette pensée, il y eut un pincement dans sa poitrine et elle fut contrainte de détourner les yeux. Elle avait déjà constaté une telle entente il y a bien des années. La réalité du lien qui les unissait ou qui les unirait un jour, Ellia et ce poulain, elle la connaissait bien mais cela l’angoissait d’y songer. Ses réflexions furent rangées dans un coin de son esprit pour les remettre à plus tard.
Inconsciente du malaise qui envahissait sa mère, la fille aimait sautiller partout avec son nouvel ami, le taquiner sans relâche pour qu’il fît comme elle. C’était merveilleux de le constater en si bonne santé.
Les jours défilaient et le poulain devenait désormais impatient. Il était toujours joyeux de la voir mais, pendant leurs divertissements, son attention se portait toujours au-delà des barrières. Il était comme absent dans ces moments-là. Alors, un matin, il décida de partir.
Ellia se rendait comme à son habitude à l’enclos et, l’apercevant, le jeune cheval hennit avec un enthousiasme plus retenu qu’à l’accoutumée. Y avait-il dans cet appel affectueux une infime tristesse ? Elle ouvrait la porte en bois quand il prit soudain le galop et fonça vers elle. Il la bouscula avec une force qui la stupéfia. Enfin libre, il fila droit vers la forêt. À la lisière, il s’arrêta d’un coup et se retourna : son regard bleu limpide et pourtant si profond croisa le sien.
Le poulain aux couleurs éclatantes repartit au triple galop, droit devant lui.
En apercevant la forme blanche disparaître dans l’obscurité de la forêt, Ellia sentit des larmes rouler sur ses joues.
***
Cela faisait maintenant quatre ans que ce poulain avait disparu. Toutes les recherches qui avaient été entreprises pour le retrouver s’étaient avérées vaines. Ellia pensait souvent à lui, ruminant sans arrêt les mêmes pensées : pourquoi est-il parti ?
Sa mère avait tenté de la consoler en lui répétant qu’il préférait sans doute la vie sauvage et qu’il devait être heureux. Mais l’évocation de ce souvenir remuait à chaque fois un couteau dans une plaie qui n’avait pas fini de cicatriser. Il était impossible de l'oublier.
Dehors, la tempête faisait rage. Le vent soufflait avec une telle puissance qu’il semblait libérer des millénaires de frustration. La pluie, transformée en grêlons, martelait les tuiles du toit comme un forgeron bat l’enclume de son marteau. Chaque rafale pouvait arracher une partie de leur maison, chaque grêlon pouvait percer le trou qui leur serait fatidique.
Ellia se serra un peu plus contre sa mère et se rapprocha de la lueur rassurante du feu qui crépitait dans la cheminée. L’unique tableau du salon tangua et tomba sous les secousses. Le portrait du Haut Dirigeant, souverain de Silfania, rebondit sur le parquet, faisant sursauter mère et fille.
Son père avait servi le Haut Dirigeant, Ellia ne l’avait jamais connu. Sa mère ne lui en avait parlé qu’en de rares occasions. Elle lui racontait qu’il était mort au combat, lors d’une bataille sanglante contre les Barbares, nom attribué aux pirates et aux brigands de Silfania. Il était décrit comme un homme courageux, bon, attentionné et, par-dessus tout, aimant. Cette pensée raviva en elle le regret de n’en savoir pas plus sur lui.
Un grincement sinistre de la maison en bois interrompit brusquement ses pensées. Ellia dressa l’oreille, attentive. Son imagination s’emballa – murs qui s’écroulent, habitation qui s’envole au loin, balayée comme une vulgaire feuille d’automne – et pourtant, leur foyer résistait.
Elles restèrent ainsi éveillées, blotties l’une contre l’autre, dans l’espoir que la tempête se calmerait bientôt.
Au petit matin, tout cessa enfin. La nuit avait été longue et mère et fille sortirent pour constater les dégâts. Hélas, tout le monde n’avait pas eu leur chance : certaines demeures n’avaient plus de charpente, pour d’autres un morceau s’était effondré. Quelques maisons menaçaient même de s’écrouler.
Ellia marchait devant, contemplant les ravages. Soudain, Vesty hurla. L’adolescente s’immobilisa, leva les yeux et comprit : la résidence sur sa droite s’effondrait et son corps allait bientôt être enseveli sous les décombres. Il n’y avait plus le temps de fuir : elle ferma les yeux, attendant le choc.
Se sentant bousculée sur le côté, elle tomba à terre. Elle entendit le fracas de l’écroulement mais ne ressentit rien. En rouvrant les yeux, tout n’était que ruines. Elle se mit debout avec difficulté et vit, étendu par terre, un cheval blanc, le souffle court. Son étonnant protecteur se releva à son tour, péniblement, et la fixant droit dans les yeux.
Elle le reconnut malgré les années qui avaient passé : comment aurait-elle pu oublier ? Elle revit le petit poulain blanc à la crinière rouge vif, se retourner une dernière fois avant de s’enfuir, grelotter ses nuits de fièvre.
Elle était paralysée par la stupeur. Tous les villageois s’étaient réunis en demi-cercle autour d’eux. Sa mère se fraya un chemin à travers la foule et l’enveloppa de ses bras tutélaires. Toutes deux se taisaient, Ellia la sentait trembler. Quelqu’un s’écria :
« Le cheval ! Vite ! Il brûle ! De l’eau ! »
Il avait la crinière et la queue en feu ! Mais la jeune fille ne bougea pas, hypnotisée par ce regard bleu qui ne l’avait pas quittée et qui respirait l’intelligence. À l’évidence, il avait gagné en maturité. L’étalon se tourna vers les habitants de Namloho et reçut un puissant jet d’eau froide. Mais le feu de sa crinière ne s’éteignit pas !
Le farouche animal prit peur, bouscula les personnes sur son passage et s’enfuit vers la forêt.
« Attends ! » cria Ellia.
Il venait de lui sauver la vie. Vesty la gardait serrée contre elle, indifférente à la scène qui s’était déroulée. Ellia murmura :
« Maman tu te rappelles, n’est-ce pas ? »