Premier Chapitre
Chapitre I: LinaDes écrans de taille moyenne, disposés à divers endroits de la grande place pavée du bâtiment des autorisations, diffusent diverses informations sur l’état actuel de la Sphère. Une voix suave et féminine susurre les nouvelles de la journée : “AIR DOUX- AUCUNE ODEUR- NORMALITE ABSOLUE- AUCUNE INCIDENCE À DÉCLARER- IMPORTANT CE SOIR VOTE POUR LES PRENOMS DES DEUX NOUVEAUX CITOYENS ”. Il fait vingt-cinq degrés comme tous les jours. Accompagnées d’une musique monocorde, des images défilent en montrant le bonheur parfait des citoyens de la Sphère, des visages souriant effectuant des exercices physiques, des citoyens heureux d’avaler leur dose quotidienne de pilules de nourriture, d’autres goûtant des boissons colorées, certains portants les dernières chemises blanches confectionnées pour les citoyens. Divers bancs blancs d’une largeur de quatre vingt dix centimètres et sans dossier meublent cette place importante de la Sphère. Sur l’un d’eux, une jeune femme aux cheveux châtains coupés courts et aux yeux marrons clairs attend.
La répétition de l’information avec cette voix particulière et le défilé des mêmes films identiques commencent à exaspérer Lina qui patiente sur ce banc depuis plus d’une heure. Elle a compris après la énième répétition que ce soir se vote les prénoms des nouveaux-nés. Elle ne sait pas encore celui qu’elle choisira.
Ses larges yeux marrons clairs aimeraient lancer des éclairs contre cette tour vitrée mais opaque qui abrite le bâtiment des autorisations et qui l'oblige à patienter seule sur ce banc blanc. Elle doit attendre. Elle passe nerveusement sa main dans ses cheveux châtains clairs coupés très courts. Les cheveux longs sont interdits. Elle repose ses mains sur ses genoux et espère que sa nervosité intérieure ne transparaît pas. Elle observe ses mains qui tremblent légèrement tellement le verdict qui lui sera rendu est important pour elle. Elle pose une main sur l’autre pour limiter ce tremblement et inspire profondément. Elle se rend compte qu’elle n’aime pas cette absence de couleur perpétuelle dans la Sphère. Tous les citoyens ne peuvent porter que du blanc. Elle se regarde et aujourd’hui, son uniforme est constitué d’un voilage sur le buste, d’un bermuda et d'une ceinture munie de plusieurs pochettes, le tout d'un blanc immaculé. La couleur est prohibée pour les citoyens. Les sandales qu’elle porte sont confortables mais hideuses dans leur conception. La blancheur des lanières accentue encore plus la blancheur de sa peau ce qui est conforme au règlement de la Sphère mais cela l'exaspère. Pourquoi le noir est réservé aux agents de la sécurité de la Sphère ? Et pourquoi le rouge est uniquement porté par les Sphériens de dix ans à vingt ans ? Elle aimait tellement cette couleur rouge ! Elle n’a plus le droit d’en porter à vingt-huit années. Et elle ne peut désobéir. On ne sait pas ce qu’il advient des citoyens qui ne respectent pas les règles, après plusieurs avertissements, ils disparaissent. Du moins, c’est la rumeur car elle ne connaît personne qui a disparu. Peut-être pourrait-elle déposer une requête sur l'autorisation d'une nouvelle couleur pour le prochain conseil de la communauté du Sud de la Sphère et qu'elle soit présentée au conseil suprême de la Sphère. Pouvoir porter une autre couleur, se serait bien. Chaque citoyen pouvait déposer une requête pour améliorer les conditions de vie des sphériens qui étaient déjà considérées comme parfaites. La requête était examinée par le comité de zone constitué de sphériens élus tous les trois ans. Si elle recevait l'aval du comité, elle était soumise au comité suprême qui comprenait des représentants des quatre zones de la Sphère et des institutions importantes. Si l'avis était favorable, la requête pouvait faire l'objet d'un référendum et tous les sphériens participaient au vote en indiquant s'ils étaient pour ou contre la proposition. Ce mois-ci, une proposition avait été soumise au référendum quant à l'introduction d'une nouvelle musique dissonante et aiguë lors des réunions du soir. Un vote négatif massif l'avait emporté empêchant son introduction. Les différents tests effectués auprès des sphériens les avaient irrités.
La place du bâtiment des autorisations surplombe une partie de La Sphère et se situe en son milieu ;la tour du bâtiment des autorisations fait un kilomètre de haut. Cette place est accessible des quatre zones de la Sphère. Pour passer de la zone Nord à Sud ou de la zone Est à Ouest, il fallait une autorisation. Lina se rend compte qu’elle a son monde qui se répand devant elle ; elle ne voit pas tout mais le devine. Quatre cents kilomètres de long sur deux cents kilomètres de large au point le plus long, le tout recouvert par un dôme qui laisse seulement pénétrer la lumière de l’extérieur. C’est cette couverture arrondie qui a donné le nom à son monde, la Sphère, seule cellule où la vie humaine subsiste encore sur Terre. Depuis les catastrophes des derniers siècles, les derniers êtres humains vivants sont regroupés sous cette Sphère et ont pour mission principale de rester vivant et de continuer l’activité humaine. La vie à l’extérieur de la Sphère est impossible à cause de l’air irrespirable, de la nature détruite, de la pollution, des radiations. Elle ne sait pas à quoi ressemble l’extérieur et elle n’en a qu’une vague idée, née essentiellement de son imagination et de ses recherches personnelles. Cela l’intrigue au plus haut point depuis longtemps, c’est pour cela quelle est là aujourd’hui.
Les rues de la Sphère sont animées par les habitants se rendant à leur travail journalier, à pieds, par wagons, par volinettes. Ces rues de la même largeur et parallèles, constituées de bâtiments identiques d'une hauteur de cinq étages forment un quadrillage parfait. Elle reconnaît certains bâtiments. Celui dédié à la préparation des boissons identifiable par le gobelet factice rouge et énorme qui est sur son toit, celui de la confection de vêtements avec une pancarte représentant la chemise blanche et conforme de la Sphère, celui des chaussures avec une sandale de taille disproportionnée sur son toit, celui des pilules de nourriture grâce à son écriteau lumineux qui indique « Grâce à nous, nous n’avons pas faim », celui de la Sécurité de la Sphère qui est massif, sans fenêtre et sur lequel sont positionnés des agents de la sécurité vêtus de noirs. Elle distingue la barrière de limitation de la zone Sud avec la zone Ouest et en tournant sa tête, elle décèle celle délimitant la zone Sud de la zone Est. Elle ne pouvait pas voir celle du Nord.
Se détache de ce paysage uniforme l’hôpital, tour de verre d'un kilomètre de haut. Lina connaissait bien son rez-de-chaussée où elle devait se rendre obligatoirement deux fois par an pour des examens de routine. Contrairement aux autres jours de son existence consacrés au travail, avec ces examens, elle appréciait ces deux jours de tranquillité; elle dormait quelques heures et se sentait en forme après. Elle sait qu’un étage de l’hôpital est consacré à la conception et à la naissance de citoyens, ce qui l’intrigue toujours autant. Les femmes de la Sphère n’ont pas d’enfant, ne peuvent pas en avoir à cause des diverses pollutions héritées de l’extérieur et des générations passées. Les citoyens sont stériles. La famille n’existe pas dans la Sphère. Lina l’avait étudié dans son unique livre d’Histoire. Elle se rappelle de ce que disait ce livre : «Avant la Sphère, les gens vivaient en groupe, cela s’appelait une famille car les membres partageaient le même sang. Cela créait de tels problèmes que le monde a dépéri générant des guerres et des famines. La Sphère a supprimé ce premier fléau qu’est la famille ». Lina ignore comment les enfants sont fabriqués, comment sont crées les êtres humains et comment ils naissent. Durant leur cursus scolaire, les citoyens- élèves avaient une brève information sur la création d’humains par éprouvettes. Beaucoup de questionnements restaient sans réponse et il était inutile d’insister au risque de se retrouver réprimandé. Elle n’avait jamais été réprimandée. Jamais elle ne s’était faite convoquer par des supérieurs. Pour en savoir davantage, il aurait fallu être considéré comme apte à travailler au laboratoire de l’hôpital. Cela n’avait pas été son cas. Tout ce qu’elle savait, comme les autres citoyens, c’est qu’au moins une fois par semaine était annoncée la venue d’un nouveau citoyen et que les citoyens auraient droit à une fête et devraient voter pour le prénom de cet enfant comme aujourd’hui.
Un autre étage est consacré à la recherche de médicaments pour traiter les maladies. Mais elle n’a jamais vu de malades. Si un citoyen a un problème, il est isolé à l’hôpital, s’il est guéri il revient, sinon, personne ne le revoit jamais. Mais Lina ne connaît personne qui a disparu. Quand on se faisait mal, il fallait aller au premier étage. Une fois, quand elle avait treize ans, elle s’était cassée le bras dans une course de volinette.
La volinette, moyen de locomotion indispensable dans la Sphère, est composée d'une large planche transparente faite dans un matériau dur et souple à la fois. Lina apprécie particulièrement le maniement aisé de cet engin, grâce à un guidon et à l’impulsion du corps. Certains citoyens préféraient l'utiliser sans guidon, ou abaissaient un siège qui permettait de voyager plus confortablement. Un maximum de trois personnes pouvaient être transportées. La volinette se déplaçait grâce à l'énergie solaire, survolant de quelques centimètres le sol et suivait un tracé de circulation imposé.
Elle se souvient que seulement quelques jours après avoir passé son permis de volinette, en se dirigeant vers le complexe sportif, elle avait poussé son ami, Dean, à faire la course et à aller plus vite. Elle était derrière lui et voulait le rattraper. Pris dans la course, elle avait fait une mauvaise manœuvre ce qui avait dévié la volinette de sa trajectoire obligatoire et seulement après quelques secondes de vol hors de sa ligne, la volinette avait basculé la projetant avec violence sur le sol. Elle avait atterri sur le bras en entendant un grand craquement et en ressentant une douleur intense. Du coup elle avait été conduite dans ce service de l’hôpital où son bras avait été réparé en quelques heures par diverses machines.
Sa patience est mise à rude épreuve. Elle se lève et fait quelques pas sur la place qui est au même niveau que les toits des bâtiments standards de cinq étages de la Sphère. Elle se retourne et lève la tête pour regarder cette tour de verre qui semble jaillir du centre de la terre et qui s’élance à la conquête du ciel. Elle est si haute, deux mille mètres de haut, qu’elle n’en distingue pas le sommet. Mais elle sait qu’elle touche le plafond de la Sphère. Tout à coup, elle se sent toute petite et ridicule avec ses idées.
Et si elle abandonnait tout. Au lieu d’être là à se morfondre en attendant une réponse, elle aurait pu aller faire du sport dans un des complexes qu'elle apercevait et se détendre en nageant. Les complexes sportifs étaient nombreux et répartis de façon régulière dans les différentes zones de la Sphère. Ils étaient tous identiques comprenant des terrains de courses, des piscines, des terrains de tennis, des salles d’entretien physique. Tous les matins chaque citoyen devait effectuer les gestes d’étirements et de souplesses estimés nécessaires au commencement d’une bonne journée. Chaque citoyen devait se rendre en plus au centre de sport au moins deux fois par semaine. L’exercice physique était obligatoire, indispensable et contrôlé. Si la dose quotidienne n’était pas atteinte, un rappel à l’ordre était effectué. Lina n’avait jamais été convoquée. La natation lui procurait une telle sensation de liberté et d’apaisement qu’elle se rendait au centre de sport dès qu’elle le pouvait. La place faisait le tour du bâtiment.
Elle se met à réfléchir à sa vie et pour se calmer, elle marche en faisant le tour du bâtiment des autorisations et en essayant d’apercevoir son nouveau logement. Les citoyens de la Sphère logeaient dans des bâtiments communs et mixtes. Les logements étaient affectés en fonction de l’âge et de l’activité. Chaque individu avait droit à un lit, une armoire et un bureau séparé de ses voisins de lits par un simple paravent dans un immense espace contenant cinquante citoyens. Les salles d’eau étaient communes. Lina ressent une certaine satisfaction car depuis peu, elle avait été autorisée à avoir une pièce personnelle de quinze mètres carrés. Elle ne la partageait avec personne et pouvait profiter de sa propre salle d’eau et de temps en temps, se permettre de traîner au lit. Quel bonheur de ne pas se sentir sans arrêt surveiller, de ne pas avoir à rendre des comptes à ses voisins de lit. Elle n’arrive pas à reconnaître son propre bâtiment, il est trop identique aux autres. Elle continue de marcher autour du bâtiment des autorisations trouvant sa situation quelque peu originale. Finalement, elle estime avoir de la chance. Le poste de professeur de sciences qu’elle occupe dans l'Institution des écoles de la Sphère, poste demandé depuis des années, lui apporte une satisfaction particulière par ce contact unique qu’elle entretient avec les enfants. Il est si rare de croiser des enfants dans la rue.
Très vite après avoir terminé son cursus obligatoire, elle s’était rendue compte qu’elle voulait être en contact avec les enfants, innocents et si avides d’apprendre. Mais il en avait été décidé autrement. À ses dix sept ans et après divers tests d’aptitudes, il s'était avéré que ses capacités intellectuelles devaient être exploitées dans le milieu des sciences. Son premier poste avait consisté à vérifier que l’eau n’était pas contaminée et bonne à la consommation. Elle avait aussi participé à la création de nouveaux goûts pour diverses boissons. Tout cela ne la passionnait guère surtout quand sa créativité fut étouffée. Les nouveaux goûts qu’elle avait proposé avaient été refusés, limitant ses recherches à ce qui existait déjà. Elle avait été mutée du service de l’eau le jour où elle avait demandé d’où provenait l’eau et pourquoi il fallait toujours analyser son état. Aucune réponse ne lui avait été donnée.
Transférée au service des pilules de nourritures pour contrôler leur conformité, elle avait analysé plus que ce qu’elle devait. Son travail était trop rébarbatif. Elle avait fait remarquer que certaines pilules étaient défectueuses, contenant trop de stimulants et que prit en grande quantité, elles pouvaient provoquer une accélération intense du cœur. Quand elle avait signalé cet élément dangereux de la pilule, il lui avait été assuré que ce dysfonctionnement avait été réglé et les pilules détruites. Elle n’en avait jamais retrouvé.
À sa grande surprise, la dérogation qu’elle avait posé quelques années plus tôt pour pouvoir continuer ses études avait été tout à coup acceptée. Ses études l’avaient amenée à se passionner pour l’histoire scientifique de la Sphère. Elle tentait d’élucider des questions scientifiques permettant de découvrir les savoirs utilisés par ses ancêtres pour pouvoir vivre, se nourrir, se chauffer, se mouvoir. Elle essayait de déterminer pourquoi et comment, eux, les habitants de la Sphère en étaient arrivés là. Dans le cadre de son projet, elle avait demandé encore à enseigner les sciences aux enfants et, grâce à la reprise de ses études, elle avait pu obtenir un poste dans l'Institution des écoles de la Sphère comme elle le désirait depuis dix ans.
Pour limiter les liens qui pouvaient se créer entre l’enfant et le professeur, chaque année, le professeur changeait de classe et de niveau. De plus, tous les quatre ans, les professeurs changeaient aussi d'école passant dans une zone différente. Il y avait une école par zone. Ces mesures permettaient de limiter toutes attaches et tout possible rapprochement entre enfants et adultes. Ainsi, depuis deux ans, elle appréciait ce qu’elle faisait. Elle adorait apprendre aux enfants la composition de l’eau, le fonctionnement de l’énergie de la Sphère, leur parler des anciennes fleurs, plantes, animaux. Elle aimait les éduquer à l’économie de l’énergie, à devenir de bons citoyens.
Ses recherches l'avaient conduites aujourd’hui, par cette belle journée, identique aux autres, où régnait une intense lumière artificielle à neuf heures, à attendre. Sa présence n’avait pas été tolérée dans le bâtiment des autorisations. Lina en a marre d’attendre. C’est de ce bâtiment que sont émises toutes les décisions importantes de la Sphère ; c'est de ce bâtiment dont dépend son avenir. La Sphère n’a pas un seul dirigeant, ce sont les sphériens les dirigeants grâce aux différents comités existants. Pour le dossier qu'elle présentait, devaient être présents chaque représentant de chaque zone, la zone Nord, Sud, Est et Ouest. Ce citoyen était nommé pour ses qualités personnelles, sa discrétion, son parcours professionnel démontrant son très grand attachement intrinsèque à la Sphère et qui a démontré une absolue confiance dans le système sphérien; le représentant de zone ne changeait que quand l'ancien disparaissait tout comme les représentants des différentes institutions. Le comité d'examen de sa proposition devait contenir le représentant de l'Institution de Sécurité, celui de l'Institution de la Nourriture, celui de l'Institution des écoles. Elle n'arrivait pas à deviner les autres potentiels membres de son jury, peut-être le représentant de l'Institution du Sport, ou celui de L'eau, ou des Vêtements ou celui des Transports. Le comité était différemment composé en fonction des problèmes soulevés. Tout citoyen pouvait un jour faire partie d’un conseil. Ce système de comités et de représentation des citoyens de la Sphère rendait les sphériens très fiers. Il incarnait le Système démocratique de la Sphère. Les différents votes ou référendums organisés régulièrement démontraient une démocratie participative à laquelle les citoyens tenaient. Comme tous les citoyens de la Sphère, Lina avait une confiance aveugle en ce système démocratique dont elle vantait les mérites. Toutes les requêtes des citoyens étaient examinées, et si elles étaient refusées, le citoyen recevait un compte rendu détaillé personnel sur sa boite aux courriers virtuels expliquant le refus ou l'invitant à reformuler sa proposition. Régulièrement, des débats au sein des bâtiments de vie étaient organisés. Les sphériens étaient fiers de leur système de société persuadés que les avis de chacun comptaient au sein de cette société parfaite.
Elle attendait impatiemment le retour son ami Dean pour avoir une réponse. Pourquoi le comité avait-il voulu que ce soit lui qui présente le projet alors qu’il ne le connaissait pas? Elle lui en avait parlé très peu. Elle n’arrivait pas à comprendre et elle sentait un mauvais pressentiment monter en elle. Même s’il lui était souvent fait remarquer qu’il ne fallait pas se fier à ses impressions, elle était convaincue que son instinct ne la trahissait pas. On avait beau lui répéter que la Sphère était un endroit parfait, un paradis, qu’on y était heureux, tous les jours, tout le temps, qu’il n’existait pas de contrariété, elle n’arrivait pas à s’enlever de la tête que la Sphère n’était pas toujours claire avec ses citoyens.
Dean allait encore lui demander d’aller voir un Doctus, ces soigneurs de la Sphère, pour son manque de calme et son inquiétude anormale. Elle allait devoir prendre des pilules roses! Mais elle n’en voulait pas de ces pilules qui la mettait dans un état de semi-conscience, qui lui faisait perdre le sens des réalités, elle ne se reconnaissait pas; la sérénité, l'absence de stress, ce n’était pas elle. Pourtant, la règle était simple : dans la Sphère, dès que le moral flanchait, la visite chez le doctus s'imposait comme la prise de pilules roses. Alors, elle ferait comme d’habitude, elle mentirait, dirait que tout allait bien et irait se cacher pour décompresser.