Premier Chapitre
1.Oörmstrude, front nord
La pluie tombait dru, étouffante, camouflant les sons sous son rideau cotonneux. Des ondées si fortes étaient rares dans cette région de Stroomde, généralement elles y étaient fines et incessantes. Cette averse-là dérogeait à la règle, elle s’arrêterait peut-être sous peu, pour laisser place à la traditionnelle bruine de ces contrées. En attendant, ces deux semaines ininterrompues de pluie avaient occasionné des dégâts qui se feraient longtemps sentir. Les tranchées est et nord n’étaient plus que des rigoles d’où les derniers hommes étaient sortis courbés par le froid et la crainte des haquebutes. Ça n’avait pas été une belle débâcle, un simulacre de retraite empêtré dans une boue gluante. Nombreux furent ceux qui y avaient laissé leurs souliers, mais peu furent ceux qui y perdirent la vie. L’ennemi devait probablement se trouver dans la même situation grotesque. Le front avait largement reculé pour chaque camp, rebroussant ironiquement le temps et laissant présager une âpre et coûteuse reconquête du terrain perdu. Malgré les piètres tentatives de consolidation et d’étayage, les tranchées et réseaux de l’arrière menaçaient de céder. Le plat pays de Stroomde : une terre de marécages sans arbre suffisamment robuste pour pouvoir tailler de belles poutres. Les hommes avaient renforcé les tranchées tant bien que mal, mais le bois, ce bois si précieux que l’on aurait aimé faire brûler pour se réchauffer un peu, manquait cruellement.
Virgile guettait l’arrivée des derniers soldats revenant des tranchées de l’est sous un vent acide. Emmitouflé dans une couverture sans âge, il observait ce triste spectacle. Des gouttes d’eau ruisselant de son nez tambourinaient sur ses mains qui maintenaient la toile fruste fermée sous son menton. Il était de garde depuis plusieurs heures et le froid commençait à lui ronger le moral. Deux jours auparavant, la casemate de fortune qui abritait les guetteurs avait perdu son toit, emportée par une bourrasque. De l’eau, du froid, de l’immobilité, mais pas de toit. Guetter un assaut qui ne viendrait pas avant plusieurs jours n’avait pas que des avantages. Il tira une outre de sous sa couverture et lampa ce qu’il restait de vin chaud, désormais guère plus que tiède. La mixture lui redonna un peu d’énergie et le décida à se lever afin de soulager ses jambes ankylosées. Un vent glacial et mesquin s’engouffra sous la couverture et acheva de lui revigorer l’esprit. En se retournant pour faire craquer son dos, il put contempler le reste des installations sud. Un enchevêtrement de galeries, de tunnels, de salles de fortunes et de maigres feux autour desquels s’entassaient ceux qui avaient attendu leur tour suffisamment longtemps. Une surface immense offrant le même spectacle de désolation, de désespoir et de résignation, avec, en son centre, trônant comme un coq sur son tas de purin, le fortin de Parsifal Vancœur. Tout Sieur qu’il était, son sort n’était pas plus enviable que celui de ses troupes. Il était même pire. Sieur Vancœur se mourrait depuis bien trop longtemps dans la pestilence d’un membre purulent. La guerre touchait tout le monde, hommes du rang comme officiers, conscrits comme mercenaires. Virgile était bien placé pour le savoir, les mercenaires avaient payé un prix trop lourd par rapport à la solde qui tardait à arriver. Il savait également que ses compagnons ne supporteraient pas cette situation indécise éternellement, et qu’avant longtemps ils chargeraient leurs chevaux pour s’en aller là où la pluie ne tue personne. Mourir était une chose, attendre sans fin en était une autre. Lui, il ferait comme à son habitude, il prendrait un peu de repos entre deux guerres, profiterait d’un abri confortable dans les terres du Peyronnès peut-être à Faucard-Vieux, certainement pas à Peyre d’Albia.
Il était las, las d’attendre, las de l’humidité, las du froid, las d’être un outil sans valeur dans cette guerre trop moderne pour lui. Certes il était éclaireur pour la Compagnie Forgée depuis des années, ce qui relevait de l’exploit. Des guerres il en avait vu, et la mort il l’avait semée sans jamais ni question ni doute. Mais cette embauche-là, quel sens avait-elle ? Une décision qui venait d’en haut, des marchands, des Seigneurs, du trône. Pour une dispute de pacotille, un désaccord sur un point religieux obscur et une matrimoniale malheureuse, on avait décidé de précipiter à la mort toute une génération de jeunes gens. Le front stagnait, on se battait çà et là, sans conviction, jusqu’à ce que l’un ou l’autre des camps commette une erreur. La ligne de démarcation bougeait alors un peu, pour un temps. Le temps, d’ailleurs, était vraiment ce qui tuait dans cette guerre, bien plus que les lames et les projectiles.
Le mercenaire s’installa le plus confortablement possible à son poste et reprit son observation, elle durerait jusqu’au matin, jusqu’à ce que les hommes se réveillent. Il pensa à Parsifal Vancœur, pauvre hère, il ne méritait pas cette fin-là. Le vieux Sieur était auréolé de célébrité depuis son triomphe lors de la bataille de Vieille-Arche, plus loin à l’est. Dans les rangs on savait que cette victoire n’avait été qu’un magistral coup de chance et que l’avenir du royaume n’avait tenu qu’à une succession de bonnes fortunes. Sieur Vancœur était devenu « mon gris Parsifal » pour le roi Ethel, en référence à la couleur prématurée de sa chevelure. Mais même s’il n’était pas un grand tacticien, il faisait son travail, sans originalité, sans fougue, tout en prudence et en hésitation. Nul ne pouvait contredire que sa tactique d’attente et d’escarmouches eût sauvé la vie de bien des hommes. Sur le front est, Sieur Ombre Percée envoyait sa troupe portant le blason faussement transpercé à l’abattoir sans état d’âme et sans répit. Au moins ici, la boucherie était un peu plus humaine.
Lors d’une inspection des tranchées de l’extrême front, Parsifal Vancœur s’était pris les pieds dans une racine qui courrait sur le sol. La culbute avait forcé tout le monde à se mordre les joues, mais lorsqu’il se releva, les chausses poisseuses de sang, plus personne n’avait eu envie de rire. La cuisse du malheureux était décorée d’une tige métallique destinée à renforcer les murs, pas les membres. Après quelques heures de simagrées des mires, on avait retiré la tige et le sang avait giclé de bon cœur. Une lune était déjà passée et le Lord était toujours enfermé dans son fortin, cloué au lit. La blessure qui miraculeusement ne l’avait pas vidé de son sang empestait et nul ne pouvait l’approcher sans bec de nez. La Noiraude avait envahi une grande partie de sa jambe gauche et remontait inexorablement vers son entrejambe. Là, dans la puanteur et les draps souillés, le Seigneur Commandant du front nord mourrait, d’une mort qu’il ne méritait pas vraiment.
Il serait remplacé tôt ou tard, mais pas nécessairement par un officier plus qualifié. Si l’état-major envoyait un commandant du calibre de l’Ombre Percée, le front nord se transformerait en un cloaque rouge sang parsemé d’os s’étendant à perte de vue. Heureusement, la Compagnie Forgée avait été engagée non pas par le roi, mais par le Sieur Commandant. Une fois celui-ci mort, elle serait débarrassée de son engagement. Restait à voir ce que le Forgeron avait en tête. Il était las lui aussi et ne semblait pas goûter à cette embauche. Il y avait fort à parier qu’il ferait lever le camp une fois le nouveau commandant en chemin pour le front. De cette manière la réputation de la compagnie ne serait pas entachée, et il n’aurait pas à négocier un départ avec le nouvel arrivant.
Dans le lointain, le carillon d’Oörmstrude indiquait minuit, l’heure la plus calme, où même les insomniaques dorment, de concert avec les maraudeurs. Virgile n’était ni un insomniaque ni un maraudeur, la plupart du temps en tout cas. Mais à cette heure-là, comme toutes les nuits, il ne dormait pas. Comme chaque heure de chaque jour d’ailleurs. Virgile ne dormait pas, c’était une chose qu’il ne savait pas faire. Il avait oublié comment s’endormir de très longues décennies auparavant, dans un lointain pays de sable et de soleil.
Il se souvenait, le sable chaud porté au grès du vent, les maisons de terre, leurs persiennes bleues filtrant le soleil de plomb. L’odeur du pain de semoule sortant du four et les subtiles fragrances des jardins installés aux abords de la Khabir lui remontaient aux narines à chaque fois qu’il pensait à son enfance. Voilà une éternité qu’il n’avait pas foulé le sol de ses souvenirs, des années à découvrir un continent qu’il ne connaissait pas, pourtant terre de ses ancêtres. Tout cela était bien loin, et même s’il n’était jamais retourné sur les terres de sa jeunesse, il ne refusait pas de croire à l’idée qu’un jour il reverrait Al-Khazûl, la ville des Diseurs de Rêves. Peut-être y dormirait-il ? Peut-être là-bas il ne serait plus Virgile le Sans Sommeil, un mercenaire sans but.
Les feux du fortin du Sieur s’étaient éteints, la nuit était véritablement venue, les esprits fuyaient vers de meilleurs songes, les corps se détendaient, le camp dormait. Virgile remonta sa couverture haut sur son visage et dans la pénombre glaciale, commença à siffloter la complainte des Dames Jaunes tout en repensant aux dunes dorées d’Al-Khazûl.
Le Sans Sommeil se réveilla. Un dégoût lui brûlant les boyaux pulsait au rythme de son cœur battant à tout rompre. Un instant il vacilla, tentant de s’agripper au tonneau qui lui servait d’habitude de table, mais ses doigts poisseux de sueur ne parvinrent pas à accrocher l’humble barrique. Il se cogna sur le cerclage de métal et s’éclata la lèvre, ne pouvant articuler mot sous le coup de l’émotion. Virgile le Sans Sommeil venait de piquer une petite sieste, cela n’était pas arrivé depuis l’enfance, il ne se souvenait même pas de ce que pouvait bien être cette sensation de sommeil. Comment avait-il pu s’endormir ? La lassitude et la guerre étaient son quotidien depuis plusieurs années, la peur et la résignation étaient ses compagnons les plus fidèles, rien de tout cela n’avait jamais mené le Sans Sommeil à dormir. Pourtant, il le savait instinctivement, il s’était endormi, avait même rêvé de lieux bizarres, de sable chaud et de silhouettes mauvaises.
Quelle horreur ! Quelle bénédiction ! Quelle étrangeté !
Il s’essuya la lèvre du revers de la main, sentant le sang chaud et poisseux lui couler entre les doigts. Il se leva, tituba et s’affala de tout son poids le visage dans la boue, sa bouche s’emplissant de ce goût âpre de la terre de Stroomde. La vision floutée par les larmes, la boue et la pluie, il resta là à attendre comme une loque depuis trop longtemps abandonnée, mais rien ne vint.
Le camp était endormi, à cette heure-là les seules âmes encore éveillées étaient les guetteurs stationnés en bordure extrême de la ligne de front. Virgile pouvait discerner leurs casemates dans le lointain, paisibles et froides comme des cercueils sur pilotis. Alors qu’un rat gros comme une miche de pain se carapatait à proximité, il se redressa, s’appuya contre le mur en fin de vie de la tranchée et inspira profondément.
Si dormir menait à ça, il préférait ne pas dormir du tout et continuer sa veille habituelle.
La première salle ne se trouvait qu’à quelques pas, aussi devint-elle son but premier, sa mission. Tant bien que mal il suivit le mur en s’y appuyant comme sur une béquille de fortune. Enfin, après quelques pas qui lui semblèrent un voyage éreintant, il trouva l’entrée. À l’origine le petit casernement avait une porte offrant un peu d’intimité à ses dix occupants, à présent les vingt spadassins qui se partageaient le local avaient brûlé la porte depuis longtemps. Virgile se faufila à l’intérieur sans aucune légèreté, dans un brouillard mental que rien ne parvenait à dissiper. Les hommes dormaient profondément. Il y avait là Nicoux l’Echarpe, Fier le Stupide, Grand Froc et d’autres dont il ne se souvenait plus du nom. Alors qu’il allait réveiller l’un d’entre eux, sa maladresse nouvelle lui fit renverser une lampe à huile, dans un fracas de verre, de métal et de dagues dégainées.
Si les hommes de la Compagnie Forgée parvenaient à ronfler, leurs nerfs n’étaient, eux, jamais véritablement endormis. Ils se réveillèrent dans un branle-bas empestant la pisse, le tissu souillé, la virilité désœuvrée et le chien mouillé. Les plus aguerris comme Œuf à Barbe rengainèrent leurs dagues en un clin d’œil, les plus sagaces comme Grand Froc se demandèrent pourquoi le Sans Sommeil vacillait. Les plus jeunes comme l’inconnu là, celui avec un duvet blond sur le menton et des lunettes fêlées durent se faire violence pour ravaler leurs cris d’effroi.
Un groupe de vétérans ne tarda pas à l’entourer, scrutant le Sans Sommeil et ses yeux bouffis par les restes cotonneux de sa sieste. Nul ne pipa mot. Certains comme Grand Froc s’étaient enrôlés dans la compagnie en même temps que lui. Ils l’avaient vu tenir la barre sur la mer démontée des Sœurs du Nord sept jours et sept nuits, sans faillir un seul instant. Ils l’avaient vu passer un campement entier au fil de la lame un soir sans lune. Ils avaient entendu les cris précédant le sang qui se faufilait sous la porte de cette taverne. Virgile Sans Sommeil ne faillait pas, Virgile était Virgile, une vérité au sein d’un maelstrom d’incertitude.
Lorsque le Sans Sommeil ouvrit les yeux et sorti de son malaise, un silence religieux régnait dans la petite salle, à l’exception du frétillement du pain au gras que mitonnait Dodu. On lui passa un quart dont l’eau empestait le vieux métal. Il but le liquide en silence et une fois fini, reçut une bouteille. Il lampa plusieurs gorgées de liqueur et se sentit un peu revigoré. L’angoissante réalité le frappa comme une claque, il devait bien donner une explication à ses frères d’armes. Comment expliquer que le seul humain connu capable de ne pas dormir avait sombré quelques instants dans la torpeur ? Comment formuler que sa vie, sa définition même, s’était enfuie avec le vent durant un moment ?
D’un rapide coup d’œil, il parcourut la notable assemblée. Les mercenaires vétérans comprenaient qu’un événement mémorable venait de se produire et comme une éclipse, ils espéraient qu’il ne se reproduirait pas de sitôt. Cependant, ils avaient tous la même question sur les lèvres.
Comment le Sans Sommeil s’était-il endormi ?
Nicoux l’écharpe, Grand Froc, Œuf à barbe.
Virgile ne comprenait pas pourquoi les Trois lui avait octroyé ce luxe, pourtant si banal pour n’importe qui de vivant, dieu appréciait manifestement les charades. Peut-être fonctionnait-il à l’envers, se prit-il à penser, peut-être était-ce le début de la mort, peut-être allait-elle venir et le saluer tout bas. Il était en tout cas vivant pour l’instant et il devait faire face à ses compagnons d’armes. Il devait répondre à ces questions tacites, il devait rassurer ces regards inquiets, il trouverait les véritables réponses par la suite. Dans le lointain, une chouette demandait timidement aux spadassins de ne plus manger ses rats.
Nicoux l’Echarpe, Grand Froc, Œuf à Barbe.
Il humidifia ses lèvres pour lancer une explication qu’il espérait longue, laborieuse, embrouillée et suffisamment hermétique pour les satisfaire temporairement.
Une déflagration qui aurait pu faire sursauter Gingot le Sourd les plaqua tous au sol. Après s’être fébrilement redressé, il lampa une nouvelle gorgée et rejeta en arrière la couverture qui l’enveloppait. D’une démarche mal assurée il se déplaça jusqu’à l’entrée de la salle, écoutant, un sourire en coin, Œuf à Barbe lancer un « Comptez-vous ! Fier prépare les nouveaux ! ».
De là où il était, Virgile ne pouvait pas voir grand-chose, mais à en juger par le branle-bas qui semblait régner dans le camp, c’était sérieux. Il avança dans la tranchée, grimpa sur une barrique vide et hissa son visage à hauteur du sol. En effet, le chaos régnait dans le camp. Des hommes de toutes bannières et de tous corps se ruaient à leurs postes, un Capitaine du rang coupait court entre deux tranchées encore vêtu de ses froches de nuit et le Forgeron se précipitait à travers une marmaille couleur bleusaille. Enfin, plein nord, à la limite des casernements communs, un lourd nuage de fumée, ou de poussière, s’érigeait vers les cieux en volutes gracieuses. Oörmstrude semblait appliquer ce qui ressemblait manifestement à un assaut nocturne de la plus vile des manières. N’étaient-ils pas eux aussi gangrenés, affamés et privés de front par cette pluie tant vicieuse que bienfaitrice ? Il semblait à Virgile que non. L’ennemi avait de bons canons et il visait rudement juste. Au loin, bien au-delà de la prétendue ligne de front, il vit un petit nuage de fumée s’élever dans les airs, suivis de près d’une détonation étouffée. Il n’eut pas le temps de rejoindre la salle, le souffle de l’explosion le projeta au sol.
À nouveau dans la boue, il serait si bon de dormir.
Une main le souleva et le traîna tant bien que mal à l’intérieur du casernement. Tout en se laissant traîner, sonné par le choc, il reconnut les antiques cnémides du Forgeron. S’il s’était rué vers ses vétérans ce n’était pas bon signe. Les recrues étaient au garde-à-vous, Œuf à Barbe serrait sa cuirasse et Grand Froc finissait de gribouiller quelques sommaires pattes de mouche dans le journal. Le commandant de la Compagnie Forgée engloutit une longue gorgée de tord-boyaux, se torcha la bouche et laissa échapper un rot fielleux. Dans la demi-clarté de la salle, son marteau pendant à la ceinture, il ressemblait à un héros des temps anciens.
— Œuf, le compte ?
— Bon, Forgeron, assaut ?
— Assaut, répondit-il avant de cracher. Prépare tes hommes, on va avoir du boulot. Virgile ?
Le mercenaire épousseta son humble attirail, se disant que cette lèvre payait décidément un prix trop élevé pour une seule soirée.
— Merci Chef.
— Ne me remercie pas si vite. Tu vas devoir aller bichonner les huiles.
— Le Sieur ou l’envoyé de Bifurque ?
— L’un, l’autre, les deux. Assure-toi que le courrier part, guette le sémaphore et si jamais les mauvaises sont nouvelles tu sais quoi faire. Prends Grand Froc avec toi et deux ou trois recrues.
La pluie battante faisait toujours rage sur le front nord et une aube timide semblait commencer à éclairer l’horizon. Virgile, Grand Froc, et trois recrues sortirent de la relative chaleur de leur casernement. Le camp bouillonnait dans un chaos total. Des spadassins à moitié vêtus courraient rejoindre leurs postes, des missives se précipitaient rouleaux à la main, et une poignée de mercenaires se frayaient un chemin à rebrousse-poil dans ce maelstrom.