Premier Chapitre
Chapitre 1La présence sans ombre
En cette soirée du 31 octobre, sur les 23 heures, dans un bureau spacieux au dernier étage d’un immeuble du 3e arrondissement de Paris, Jonathan Nochedeflores finissait son cinquième verre d’une seule traite.
Alors qu’il baissait le bras, un craquement lugubre venant de la rue, assez fort pour passer la barrière sonore du double vitrage, attira son attention.
Engourdi par l’alcool, il quitta lentement son siège de bureau et se rapprocha de la fenêtre pour regarder au dehors.
Il se pencha jusqu’à ce que son front touche le verre froid de la vitre, lui procurant une sensation agréable, pour voir le carrefour entre la rue des Archives et la rue des Quatre Fils. Il prit encore plus de plaisir à voir l’animation extérieure, bien à l’abri dans son bureau où régnaient la chaleur et un silence solennel. Au dehors régnaient un froid agressif et un pandémonium de stridences ; l’activité qui ne paraissait jamais s’arrêter malgré les intempéries, dans cette cité grise érigée jusqu’aux cieux enfumés, parsemée de hautes tours sinistres et laides, à l’ombre desquelles il n’était dès lors plus possible de rêver au soleil apaisant ou au sol parsemé des couleurs dorées de cette saison intermédiaire disparue que l’on appelait l’automne.
Bien qu’à la veille de la Toussaint, l’été avait cédé le terrain et l’hiver s’était abattu avec la ferme intention de dévorer de ses crocs gelés quiconque n’aurait pas d’abris où se dissimuler. Depuis midi, la neige avait surpris la cité, la tempête s’intensifiant, cherchant à la couper du reste du monde.
Seules les fumées des gaz d’échappement et les vapeurs fétides émanant des soubassements parvenaient encore à tenir tête et ne pas se laisser balayer par les vents déchaînés du blizzard.
Cela était bien loin d’inquiéter Joe. Au contraire, le jeune homme de vingt-six ans pouffa en regardant les passants se faire malmener par les intempéries. Certains étaient emmitouflés dans des doudounes aux couleurs criardes, jaune, orange, rouge ou bleu pâle, d’autres, au contraire, avaient choisi, d’épaisses parkas militaires, sans doute dans une intention ridicule de se montrer tel de braves combattants, enfin, les derniers avaient opté pour des vestes en croûte de porc ou de mouton retourné 100 % synthétique. Aucun visage n’était plus visible, dissimulés soit par des capuches au cordon si tendu qu’elles les enfermaient dans une sorte d’entonnoir ou les auréolaient d’une épaisse fourrure de longs poils artificiels, soit de cagoules enrubannées d’écharpes d’une variété d’épaisseurs, de matières, de couleurs et de motifs stupéfiants.
Ils n’étaient donc tous plus que des formes boudinées de toutes tailles, se dépêchant de se mettre à l’abri des tourbillons de neiges qui s’abattaient avec la ferme intention, semblait-il, de vouloir recouvrir la noirceur de la ville ; mais sans toutefois y parvenir : si elle n’était pas souillée par le passage répété des pneus ou par le dessous crasseux des automobiles, elle se brunissait au contact de l’asphalte.
Seuls les halos de lumière formés autour des réverbères sur les volutes d’eau cristallisée rappelaient un souvenir vague, celle de la magie des fêtes, bien sûr… ou plutôt cette image créée par les médias dans le but de précipiter la frénésie des achats qui clôt chaque année avant de la précipiter dans un nouveau début d’année et une nouvelle frénésie, pour les soldes, cette fois.
Joe se souvint que c’était un bruit parvenu à franchir le barrage du double vitrage qui avait attisé sa curiosité.
Il leva les yeux vers le sommet des immeubles et ce qu’il vit lui fit penser à l’huile sur toile du peintre français Gustave Caillebotte, intitulé « Toits sous la neige » dont il avait acheté une copie au Musée d'Orsay qu’il avait accrochée au mur de sa chambre, chez ses parents. Mais la réalité montrait un aspect plus triste : les lumières de la ville avaient du mal à passer l’épais nuage de pollution qui restait collé à la cité quelle que soit la force des vents qui s’abattaient sur elle.
Il entendit un battement et découvrit la provenance du son qu’il voulait identifier. Le panneau publicitaire, perché au sommet de l’immeuble qui faisait l’angle de la rue, s’était libéré sur l’un de ses côtés. Ses attaches rouillées avaient fini par se casser, cédant à la violence des vents et produisant un craquement lugubre. La vieille publicité humoristique, de la marque mondialement reconnue « Évian », avait à présent des couleurs délavées ; mais elle scandait toujours « vivons jeune ! ». Elle montrait un bébé dans une position de break dance, dressé sur son seul avant-bras, des rollers sanglés à ses petites baskets tendances.
L’image avait beau être en piteux état, Joe, qui se souvenait de cette campagne publicitaire, ne put s’empêcher de sourire, amusé de la revoir aussi clairement dans son esprit. Non pas que l’image incongrue du bébé l’amusât, mais plutôt le concept, tout le travail d’une équipe de publicitaires qu’il imaginait tout aussi nombreuse et motivée par l’intérêt que lui-même et ses collègues de la maison de disques pour laquelle il travaillait. Il ne pouvait que les féliciter : l’image s’était à jamais gravée dans sa mémoire et sûrement dans celle de nombre d’autres individus. À cela s’ajoutait la satisfaction que lui, avait l’œil assez exercé, pour voir tous les cheminements d’idées développées pour arriver à une image pourtant tout à fait surprenante, frappante et terriblement efficace pour créer l’intérêt et la sympathie d’un public ciblé. Déjà, le montage des infographistes était bluffant, bien sûr, mais aussi le fait que rien n’avait été laissé au hasard. Par exemple, le travail de la lumière, un aspect légèrement rosé de l’image qui, malgré les taches de vétusté, était toujours visible. Le bleu clair du ciel en arrière-plan, de petites touches de rouge et de blanc pour les habits, les roulettes et même la couche du bébé, ces couleurs étaient toutes des rappels subliminaux aux teintes du logo bien connu de la marque. Seule chose négative à son goût, cette idée de mettre en scène des nouveau-nés dans des activités sportives d’adultes, la marque l’avait déjà utilisée maintes fois et donc, pour lui c’était faire preuve d’un manque d’originalité. En effet, il se souvenait d’une ancienne campagne où les bébés faisaient de la nage synchronisée. Mais peut-être qu’assez de temps s’était écoulé pour pouvoir exploiter à nouveau le concept « Évian de jouvence », après l’avoir rendu plus actuel bien sûr…
Le sourire de Joe se figea. Cette tempête était décidément sans pitié et il eut comme un éclair d’idée qu’une volonté qui le dépassait voulait effacer la race humaine de la surface de la terre lorsque le panneau se détacha. Joe fit un bond en arrière alors que le panneau virevolta dans sa direction mais l’ivresse rendit son pas incertain et il dut se rattraper au dossier de son fauteuil. La pancarte fit un mouvement large en arc de cercle et s’éloigna de lui. Il se précipita à nouveau à la fenêtre, de peur que cette lame de guillotine ne finît sa course dans la rue et ne blesse un passant mais le vent, dans sa force, la souleva et elle repartit vers les toits. Finalement, elle disparut à sa vue.
Il attendit, respiration bloquée, que des cris ou un nouveau fracas ne surviennent, mais rien ne se produisit.
Il voulut ouvrir la fenêtre pour s’en assurer mais le vent glacé et sifflant, chargé de neige, et le tohu-bohu de la rue qui le saisirent dès qu’il l’entrouvrit l’en dissuadèrent immédiatement et il referma les hauts panneaux à carreaux à toute vitesse, luttant lui-même avec forces contre la violence de la tempête. Il prit une longue inspiration, gardant les yeux fermés, qu’il laissa échapper en un soupir de réconfort, heureux de retrouver l’intérieur de son bureau silencieux et chaud.
Il décida de laisser les problèmes du dehors où ils étaient. Bien des gens étaient payés pour s’occuper de ce qui se passait à l’extérieur.
Lui avait ses propres préoccupations. Il revint à son bureau et pianota sur l’écran de son téléphone portable fiché sur son socle. « Christmas In Hollis » de RUN-DMC, groupe incontournable des années quatre-vingt de hip-hop américain, explosa dans la pièce. Il avait découvert le groupe grâce au premier opus de la série « Die Hard » et trouvait qu’Argyle, le chauffeur de Jones McClane, avait bien raison de s’écrier : « This is Christmas music ! ».
Il se rassit en dodelinant de la tête oubliant presque aussitôt l’effrayante vision du dehors : la rue où la vie fourmillait inlassablement dans la nuit, les lumières de la capitale trop fortes pour que l’on puisse discerner les étoiles — pas même la plus brillante qui était pourtant comme un guide pour les hommes durant de si longues périodes de notre histoire. En quelques dizaines d’années, celle-ci avait été oubliée grâce ou par faute d’avancées technologiques arrivées si subitement et remplacées encore plus vite au point qu’elles-mêmes ne pouvaient plus être qualifiées de nouvelles.
Oui, il avait déjà balayé de son esprit la rue enfermée entre les immeubles de cinq étages, l’affiche rongée par la rouille représentant le bébé qui s’était déchirée et qui avait failli tomber et mutiler les citadins affairés, l’immeuble d’en face renfermant des habitations, et même l’immeuble où il se trouvait, qui ne contenait à présent que des bureaux qui, à l’exception du sien, encore pleinement éclairé, étaient tous plongés dans les ténèbres à cette heure tardive.
Joe s’appuya avec paresse au dossier de son fauteuil car, comme presque tous les rares soirs où il n’avait pas une sortie de prévue, il préférait rester dans ce bureau, son bureau, et célébrer, une fois de plus, le fait que sa vie était parfaite, avec un job parfait.
La musique passa à un autre tube de « Run-Dmc », une reprise cette fois : Walk This Way.
« Une bonne reprise et pas la dernière ! » s’écria-t-il.
Il songea vaguement qu’il fallait rentrer chez lui sans attendre, que ses parents allaient s’inquiéter, pour rien, une fois de plus, mais il n’y avait pas d’urgence non plus et il aimait l’idée qu’ils pensent qu’il se tuait à la tâche même s’il « faisait un métier de saltimbanque » comme lui avait reproché une fois son père.
Travailler dans le divertissement n’avait vraiment plus rien à voir avec l’idée que s’en faisaient les non-initiés, les moldus comme il les appelait lui.
Non, il n’avait pas envie de regagner sa petite chambre et tout ce qu’elle représentait. Sa vraie place, c’était ici, cette place que seules sa personnalité et ses capacités lui avaient décrochée. Ici, il était comme Patrick Bateman ; un demi-Dieu, chez lui, il était juste un connard comme des millions d’autres.
Il songea que c’était le 31 octobre, la veille de la Toussaint, donc… la fête des morts. Ses parents devaient avoir l’esprit accaparé par le défilé à leur porte de tous les enfants de l’immeuble, les gloussements et le bruit des pas précipités dans le couloir. Les gens avaient peur, et avec raison, « par les temps qui courent », de laisser leurs charmants bambins arpenter les rues, d’autant plus avec la tempête qui faisait rage, mais ils voyaient d’un œil bienveillant qu’ils dérangeassent tous leurs voisins avec une coutume qui n’était pas la leur. Tout du moins pas avant qu’elle soit implantée, amortissant ainsi de lourds investissements publicitaires.
Cette pensée lui fit à nouveau remplir son verre et le lever :
« Aux esprits ! Et au profit ! » et il vida son verre de Tequila d’un geste vif.
*
Comme une manifestation du toast porté par Joe, la silhouette de son assassin se dessina au rez-de-chaussée de l’immeuble. Elle semblait inhumaine, derrière le grand mur vitré délimitant la salle d’attente des différents docteurs qui avaient installé leurs cabinets de consultation dans toute une partie du bâtiment. Cet envoyé goûta à la joie de se retrouver à un autre endroit que celui où il était contraint de vivre. Lui aussi habitait encore chez ses parents mais chez lui, les rires de déments, mauvais et forcés, se mélangeaient aux multiples cris de détresse, aux invectives des geôliers et aux paroles se voulant rassurantes de ceux qu’il considérait comme des tortionnaires. Il prit le temps de s’imprégner du silence mais il savait qu’il fallait se dépêcher sinon, celui qu’il devait tuer allait bientôt partir et lui échapper. Il n’aurait peut-être pas d’autre chance, tout avait été calculé, c’était ce soir qu’il fallait frapper. Sa sœur avait été très claire à ce sujet.
Il se concentra et passa dans le hall principal. Celui-ci était glacé malgré le sas constitué par deux portes vitrées qui le séparait de l’extérieur. Le tueur regarda dehors. Les bourrasques de neige avaient recouvert toute la cour et il s’y réfléchissait une lumière blafarde là où il n’y aurait dû y avoir que ténèbres, une lumière qui donnait aux choses pourtant connues un nouvel aspect surréaliste, comme elle les éclairait par le dessous.
Il était dévoré par l’envie d’aller dans la tempête pour en admirer la force et surtout de ne pas remplir cette mission ! Mais il se savait être le seul à pouvoir effectuer cette tâche.
« C’est notre vie et celles de plein de gens qui dépendent de toi ! Tu dois faire ce que j’te dis à la lettre ! avait répété une dernière fois sa sœur avant qu’il ne parte.
— Très bien ! murmura-t-il comme si elle était avec lui, j’y vais ! »
Il se déplaça jusque devant la porte de la société. Le nom de celle-ci, « La Boîte à Musique », était gravé sur une plaque de verre fixée sur la porte, en italique. Son logo représentait une petite boîte entrouverte avec une petite danseuse virevoltant au centre d’une tornade de notes de musique dessinées de multiples façons : cela allait de la jolie croche ayant la finesse d’avoir été tracée d’une fine plume à l’ensemble d’un accord fait de noires créées numériquement avec des traits épais et brouillés par endroits figurant ainsi une musique violente à faire trembler les murs.
L’homme de main leva doucement la main dans le but de la poser sur la porte. Celui qu’il devait tuer n’était plus qu’à quelques dizaines de mètres de lui, dans l’une des pièces de ces bureaux. Il ne savait même pas son nom. Cela n’avait aucune importance ; il allait le supprimer, il le fallait.
Il passa l’entrée. Le couloir principal de la société n’était éclairé que par la lumière provenant par la porte entrouverte de la pièce où devait être sa victime.
Une fois encore, comme chaque jour de ces derniers mois à avoir laissé sa sœur clarifier son plan, la peur le tétanisa. Le rai de lumière projeté par l’entrebâillement, qui courait jusqu’à lui, n’était pas fait pour le rassurer, ni les bureaux vides et sombres autour de lui, ni la salle de réunion aux murs vitrés donnant sur le couloir où scintillaient les veilleuses des systèmes multimédias, ni le passé de l’immeuble dont l’histoire se dégageait toujours de son architecture malgré les améliorations successives apportées par tous les nouveaux propriétaires.
« C’est écrit, tu dois le faire, c’est pour le bien que tu dois te battre ! » lui avait répété sa sœur quand il la suppliait de trouver une autre solution, mais cela ne l’aidait pas non plus, non. Ce qui l’aida à calmer sa panique, son refus d’obtempérer, ce fut les perspectives heureuses pour les autres et aussi pour lui que ce geste terrible allait faire survenir.
Ainsi, il se positionna face à la porte entrouverte et regarda le jeune homme à peine plus vieux que lui : châtain, d’après la couleur de ses racines, mais décoloré en blond, une moustache pas très épaisse, plutôt du duvet, et un petit anneau noir couvert de motifs hawaïens à l’oreille, enfin une silhouette à peine plus élancée que la sienne… Malgré ces détails, ce garçon représentait pour lui tout ce qu’il aurait aimé être : libre de faire ce qu’il voulait.
« C’est pour la liberté que tu dois faire ça ! Pour la liberté ! lui avait dit sa sœur, il n’y avait qu’un instant. Fais-le vite ! Ce sera vite fini et il n’y aura pas d’autres choses à faire, plus qu’à attendre ! Essaye de faire en sorte qu’il ne souffre pas, mais en réalité peu importe, l’important, c’est qu’il meurt ! »
*
Joe avait changé totalement de registre musical. À présent, c’était un riff répété d’Adam Jones sur sa Gibson Les Paul Silverburst qui envahissait la pièce. Le jeune homme avait fermé les yeux et mit le volume à fond pour se laisser totalement emmener par le long morceau du groupe Tool : « Wing’s for Mary ».
C’était l’un de ses groupes préférés et il en vénérait le guitariste pour sa carrière éclectique qui l’avait menée de collaborateur des effets spéciaux de grands films hollywoodien, à fondateur d’un groupe de métal célèbre dont le chef-d’œuvre était à ses yeux ce morceau incroyablement hypnotique.
Mais la musique fut coupée par une sonnerie, et un flash info s’éleva des enceintes :
« Le résumé de la situation… clama une voix malgré le rendu de mauvaise qualité… Le bilan s'élève désormais à 13 morts au moins, selon la Sécurité Civile. En une journée, il est tombé l'équivalent de quatre mois de neige sur la région. Une tempête aussi soudaine qu’imprévisible… Certains villages ont été coupés du monde, au nord-est de Paris. Des habitants se sont réfugiés dans les Églises et les salles municipales… La situation n'est toujours pas stabilisée et de nouveaux débordements sont à prévoir dans les heures à venir, selon les experts de Météo France, la violente tempête qui sévit sur la région parisienne risque de se prolonger… et les autorités conseillent fortement de rester chez soi… La visibilité réduite sur les routes rend la circulation extrêmement difficile sur les axes principaux…
— Faites chier ! s’écria Joe. Pourquoi j’ai installé cette appli de merde ! Z’avez pas le droit de couper un morceau comme ça !
— …À cause des vents violents à l’extérieur de la ville, continua la voix au son synthétique et grésillant, il est déconseillé de sortir et de prendre sa voiture. Aucune amélioration de la météo n’est attendue. Comment expliquer le caractère imprévisible d’une tempête de neige d’une telle force, se rapprochant des blizzards du nord des États-Unis et du cana...
— Mais tu vas la fermer ta gueule ! » s’écria-t-il en claquant le bout de son doigt frénétiquement sur l’écran de son portable.
La musique revint en un fondu rapide. Joe laissa à nouveau tomber sa tête sur le dossier de son fauteuil. Maynard James Keenan, le chanteur du groupe, était au milieu d’un appel plaintif lancé pour sa mère restée paralysée 27 ans, soit environ 10 000 jours avant de décéder en 2003 à la suite d'un anévrisme intracrânien.
Il se radoucit. Cette chanson et celle qui suivait le touchaient jusqu’aux larmes.
Il était heureux de savoir qu’il y avait encore des groupes comme celui-ci, réunissant de vrais artistes qui avaient des choses à dire et qui utilisaient leur art pour les transmettre et faire ressentir de fortes émotions. Hélas, ces musiciens étaient bien différents de ceux dont il s’occupait de la promotion ici, à « la Boîte à Musique » ! Mais peut-être qu’un jour, il aurait la chance d’en rencontrer un et de l’aider à trouver son public. En plus d’être facile, car il n’aurait qu’à lui donner les moyens d’exercer au lieu de s’exprimer à sa place, ce serait une véritable consécration, ce pour quoi il avait choisi de faire ce job.
La porte du bureau se referma avec un claquement sec.
Joe dressa la tête. Il avait perçu un bruit sans l’identifier malgré le volume élevé et son esprit totalement engourdit par l’alcool.