Premier Chapitre
1 Des circonstances de la naissance de Julien20 Mars 1980
Le pendule d’Annie ne s’arrêtait pas de tourner au-dessus du giron de Myriam.
— C’est très clair, ce sera une fille. Si le pendule fait un mouvement de va-et-vient, c’est un garçon, mais là, tu vois bien que le pendule fait un cercle, un beau cercle. C’est une fille. Garanti à cent pour cent.
Myriam fit une moue de désapprobation. Elle sentait que l’enfant qui était en train de faire des galipettes dans son ventre était un garçon. Elle l’avait senti dès les premières semaines de la grossesse. Une mère sait ces choses là ; certainement mieux qu’un vulgaire pendule qui répondait probablement aux injonctions du subconscient de son amie.
Sans rien offrir en échange du service divinatoire que venait de lui rendre Annie, elle se remit au travail. Il lui restait encore à trier les draps et à se débarrasser des vieux vêtements qui encombraient le grenier depuis des années. Plus l’enfant qu’elle portait grossissait, plus elle avait l’impression de manquer d’espace dans la maison. C’en était même devenu une véritable obsession depuis le matin. En faisant la pile des draps de couleur claire, elle maudit Jean-Claude de ne pas avoir encore trouvé un moment pour jeter à la déchèterie les tuyaux de cuivre qui trônaient royalement dans le jardin.
Annie observait le manège avec un sourire aux lèvres. En rangeant religieusement le pendule dans sa boîte nacrée, elle déclara :
— Ce sera une fille et tu vas accoucher aujourd’hui même.
Myriam la regarda, médusée. Elle connaissait assez Annie pour savoir que son amie avait parfois des éclairs de lucidité. Même si son histoire de pendule ne l’avait pas franchement convaincue, Annie restait pour elle un être étrange, connecté à on ne sait quelles instances et qui voyait des choses que les gens normalement constitués n’étaient même pas en mesure de subodorer. Néanmoins Annie ne pouvait pas avoir raison cette fois-ci. Un autre jour, pourquoi pas, mais pas aujourd’hui.
— Impossible, répondit-elle, Jean-Claude ne rentre que demain soir.
— Il est fort ce Jean-Claude, s’esclaffa Annie. Il a réussi à programmer la date d’éclosion de la graine qu’il t’a déposée dans le ventre !
— Qu’est-ce qui te fait dire que c’est pour aujourd’hui ?
— Je n’ai jamais vu une maison aussi propre. Tu as lavé les vitres, désinfecté entièrement la cuisine, la salle de bain et les deux toilettes. Tu as changé la disposition du salon pour soi-disant « mettre un coup de neuf ». Tu as enlevé du buffet les verres à bières de Jean-Claude pour pouvoir le nettoyer de fond en comble. Tu as vitrifié le parquet, passé la serpillière sur le carrelage, refait pour la quatrième fois les toiles d’araignées dans tous les endroits les plus improbables de la maison. Tu t’es mise à jour dans tes lessives. Tu laves au fur et à mesure les tasses et les petites cuillères, ensuite tu les sèches pour pouvoir les ranger immédiatement. Myriam, il ne faut pas être fin psychologue pour affirmer que tu es en train de faire ton nid.
*
Au même moment, dans l’hôpital spécialisé connu sous le nom de « centre hospitalier Philippe Pinel », une tension soudaine venait de mettre les infirmiers sur leurs gardes. Un patient répondant au nom de Xavier – bien connu par le service pour ses colères monumentales à répétition – s’approchait d’un pas rapide de Gérald, un autre patient dont la réputation n’avait rien à envier à celle de Xavier. Le poing serré et le regard déterminé, il s’arrêta net devant la montagne Gérald. Les infirmiers entourèrent le binôme, prêts à intervenir si la prémisse d’une altercation venait à se manifester.
Gérald ne broncha pas tandis que Xavier, plus petit d’une bonne vingtaine de centimètres, le regardait en contre-plongée. Le silence se fit lourd dans la salle commune où chacun se faisait un pronostic sur l’issue de cette histoire qui alimenterait les conversations jusqu’au moins la fin de la journée. Au bout d’une dizaine de secondes, Xavier prit la main de Gérald, lui ouvrit la paume et y déposa trois pièces de cinq francs.
— Je te les dois depuis longtemps, déclara-t-il. Désolé du retard.
Gérald ne savait pas s’il devait accepter ou mettre une tarte à Xavier au cas où il ferait l’objet d’une mauvaise plaisanterie. Avant qu’il ait pu se décider sur ce qu’il convenait de faire, Xavier était reparti vers sa chambre.
La pression n’avait pas eu le temps de redescendre à un niveau acceptable que Xavier réapparut dans la salle commune avec sa collection de magazines Science et avenir dans les bras. Il balaya du regard la grande salle et planta son regard dans celui de Christian, le chef des infirmiers. Une fois sa cible repérée, il fonça sur elle. Christian croisa les bras et s’enracina, au cas où, juste au cas où.
— Tiens, je te les donne, lui dit Xavier en tendant sa collection.
Christian ne déverrouilla pas les bras, mais desserra les dents.
— C’est gentil mais c’est en quel honneur ?
— C’est pour payer ma dette envers toi. Je t’ai cassé le bras.
— C’était il y a longtemps, Xavier. C’est oublié.
— Je n’ai rien oublié moi. Prends-les.
L’infirmier en chef n’avait encore jamais été confronté à ce genre de situation. Devant le regard insistant de Xavier, il prit les magazines, laissant Xavier s’en repartir vers sa chambre, rebelote. Tous les infirmiers se regardèrent, et sans qu’une parole ne soit nécessaire, ils décidèrent qu’il fallait prévenir le médecin du comportement douteux de Xavier. Étant le moins costaud des infirmiers qui n’avaient pas les bras chargés d’une pile de magazines poussiéreux, c’est Thierry qui fut désigné pour cette tâche.
Xavier revenait déjà dans la salle commune avec une écharpe autour du cou, son nécessaire à peinture dans une main et un paquet de cigarettes dans l’autre. Thierry ne se posa plus de question et accourut vers le bureau du médecin de service tandis que les autres résidents se rassemblèrent sous l’effet de la bizarrerie de la situation. Groupé, on est plus fort.
— Paul, je te donne mon écharpe, annonça Xavier. Je te l’ai volée à ton premier jour ici, tu te souviens ? Et bien maintenant, elle est à toi.
Paul reçut son cadeau avec enthousiasme et demanda aussitôt à sortir pour l’essayer.
— Phil, prends mes pots de peinture et pardonne-moi d’avoir dit que ta mère est une guenon, même si je le pense toujours. Et toi Marc, voici des clopes, parce que t’es un copain.
Thierry revint victorieux d’une mission dûment accomplie, suivi de près par le docteur Joubaud, psychiatre de son état et plutôt agacé d’être tiré de ses tâches administratives pressantes. Voyant que Xavier distribuait ses effets personnels aux patients – et même aux infirmiers –, le docteur révisa son attitude qui, en première instance, aurait consisté à rassurer tout le monde en constatant un comportement tout à fait normal dans le cadre de la pathologie dont souffrait le dit-patient.
— On déménage Xavier ? s’enquit-t-il.
— Je règle mes comptes.
— Vous avez pris du retard visiblement. Pourquoi cela si soudainement ?
Xavier s’arrêta net, réfléchit un instant, puis regarda un point imaginaire sur le carrelage.
— Je ne sais pas.
*
Le plan d’expansion de l’entreprise d’électronique de Jean-Claude ne souffrait d’aucune faille. Ses nouveaux associés qui devaient être en charge de la succursale Lyonnaise ne pouvaient s’y tromper : avec l’avènement des systèmes informatiques, il y avait là une opportunité formidable. Seulement il fallait user de finesse et de pragmatisme. C’était en tout cas ce que venait de déclarer Jean-Claude à son équipe. Il laissa un temps de silence pour que chacun puisse mettre ses idées en ordre. Aucun doute sur son pragmatisme, en revanche, pour ce qui était de la finesse, une certaine méfiance s’installait silencieusement dans les rangs.
Jean-Claude s’apprêtait à donner le coup de grâce en exhibant son budget prévisionnel quand Valérie frappa à la porte de la salle de réunion flambant neuve.
— Un coup de téléphone pour vous, Jean-Claude. C’est votre femme. Urgent.
Jean-Claude quitta la pièce sous les sourires narquois de ses associés. Son assistante lui passa le téléphone, puis prit congés en le laissant à son sort. Au téléphone, Myriam, la femme de Jean-Claude expliqua la situation en des termes que son mari pouvait saisir. Les prédictions d’Annie n’avaient jamais emballées Jean-Claude, et il lui était même arrivé – avec l’aide d’une bouteille de vin rouge – de traiter Annie d’« ésotérique sorcière ».
Il accusa réception des données fournies par sa femme et prit un temps pour faire le point. De l’autre côté du fil, Myriam imaginait très bien le cheminement mental qui s’opérait déjà dans la tête de son futur empereur de l’électronique. Elle prit les devants et lui rappela la promesse qu’il lui avait faite d’être présent à la naissance de leur enfant. Un quart d’heure plus tard, Jean-Claude était dans sa voiture pour rejoindre Myriam à Amiens.
Jean-Claude n’était pas genre d’homme à se laisser déborder par ses émotions. En tout cas, pas avant que la perspective de devenir père ne lui tombe dessus aussi soudainement que sa première chute de vélo. Les sept heures de trajet qui le séparaient de l’embryon qui était en train de se préparer à faire le grand saut allait lui laisser le temps de gamberger à sa guise.
Les doutes sur sa capacité à engendrer un être normalement formé s’installèrent en premier dans sa tête.
Vint ensuite une prière à un Bon Dieu dont il ne croyait que quand c’était absolument nécessaire. Dans sa doléance, il en appela à la bonne grâce divine pour que le sort lui donne un mâle. Lui, qui était le benjamin d’une fratrie de trois enfants, n’avait eu que des sœurs. Il en profita pour invoquer la justice darwinienne en faveur de sa cause.
Il arrivait sur les plaines dijonnaises quand son esprit prit le chemin de l’anticipation. En partant du principe que l’enfant était un garçon, Jean-Claude élabora un plan de carrière à la hauteur de ses ambitions. Tout ce qu’il aurait voulu avoir et faire quand il était jeune s’y trouvait : il lui apprendra à faire du vélo sans roulette quand il aura 5 ans, pas avant ; à ses dix ans, le petit aura son étagère bien à lui dans laquelle il pourra ranger soigneusement l’intégralité des albums d’Astérix et Obélix que Jean-Claude lui aura légué, non sans fierté, comme une passation de passion ; l’option latin en quatrième lui sembla être un gage de bonne conduite pour embrayer vers la filière scientifique du baccalauréat.
Il frôlait les usines textiles de Troyes quand il eut une idée brillante. D’après ses calculs, son fils devrait terminer ses études de commerce une dizaine d’années avant son départ à la retraite. Il aura donc tout le loisir pendant ces dix ans, qu’il jugeait déjà comme les plus belles années de sa vie, de former son fils pour une succession sûre et donc prospère. Quel bonheur d’être père !
Les vignes de Reims rapetissaient dans son rétroviseur et Jean-Claude avait l’estomac noué. Une sensation désagréable de manquer de quelque chose le sortit de ses rêveries diurnes. Pourquoi son ventre le faisait-il souffrir maintenant ? Et pourquoi la certitude d’avoir oublié quelque chose s’était-elle logée si amèrement dans sa boîte crânienne ? En reprenant le fil de sa journée depuis qu’il avait quitté son hôtel le matin jusqu’au coup de téléphone de Myriam vers midi, il se rendit compte qu’il n’avait pas mangé depuis plus de huit heures.
Laon se dressait devant lui alors qu’il terminait le sandwich qu’il avait pris à la hâte sur une aire d’autoroute. Dernière ligne droite avant Amiens, la rue de la Hotoie et enfin Myriam. La fatigue le prit par les méninges. Incapable d’élaborer le moindre cheminement logique, il décida d’allumer l’autoradio et de se vider la tête. Un dernier relent de sa conscience passa par là pour lui susurrer qu’il n’avait pas du tout pensé à aborder l’étape de l’accouchement. L’angoisse créa une goutte de sueur qui coula depuis son occiput jusqu’au coccyx.
Ensuite vint l’excitation quand il arriva devant la porte de sa maison où l’attendait Myriam, les bagages à ses pieds.
*
Joubaud tirait sur sa cigarette à en faire rougir la moitié de la tige. Il regarda le nuage de fumée qu’il venait de créer au-dessus de sa tête. Un petit tas de cendre venait d’atterrir sur sa blouse quand on frappa à la porte.
Le docteur Joubaud n’invitait jamais à distance à pénétrer dans son antre. Il préférait se déplacer et ouvrait toujours la porte avec force et rapidité. Il aimait tellement voir la surprise sur le visage des personnes qui attendaient qu’un « entrez ! » se fraye un chemin au travers du bois de la porte de son cabinet de consultation. En plus, cela lui donnait un côté original, pensait-il.
Christian, le chef des infirmiers, feignit la surprise pour que le docteur Joubaud se grise encore une fois.
— Voilà docteur. Xavier, comme vous me l’avez demandé.
— Très bien. Je vous remercie Christian.
Xavier pénétra dans le bureau de Joubaud et s’installa dans le canapé qu’il avait l’habitude d’occuper à chaque fois qu’il venait dans ce lieu. Joubaud referma la porte, toujours avec panache, manquant de la flanquer à la figure de Christian.
Le docteur Joubaud avait chamboulé son planning de consultation pour avancer son entretien avec Xavier. Le comportement dudit patient avait éveillé sa curiosité. Il voyait là une bonne occasion d’aller trifouiller dans le subconscient humain afin d’éclaircir le message qu’il devait décoder quand Xavier « réglait ses comptes ». Il s’installa dans son fauteuil, puis regarda longuement son patient.
— Vos comptes sont-ils réglés ? demanda-t-il à Xavier.
— Il ne reste plus que vous.
Xavier tendit à son psychiatre un cahier épais dont la couverture en cuir était garnie d’une gravure soulignée à l’encre de chine. Celle-ci représentait une tête de serpent ouvrant la gueule pour exhiber deux crocs brillants et acérés, la langue bien rangée à l’intérieur et le corps enroulé autour d’un arbre dont les racines étaient plongées dans une mer argentée.
— C’est pour vous, déclara-t-il. J’y ai tout consigné. J’ai essayé d’être le plus clair possible. Toute mes tentatives pour expliquer ce qu’il veut et qui il est y sont. C’est pour vous remercier d’avoir essayer de m’aider.
Le docteur Joubaud prit le cahier, le feuilleta rapidement et s’arrêta vers le milieu. Xavier y détaillait les circonstances de son internement, les échanges qu’ils avaient eus ensemble ainsi que les pensées que cela avait générées. Il y avait le point de vue du patient sur des années de consultations. Le docteur Joubaud retourna au début et y trouva une description de la naissance du mal qui rongeait Xavier depuis l’enfance. Page après page, son patient livrait avec grandes précisions les sensations que lui procurait sa pathologie ainsi que son évolution depuis les premiers symptômes. À la fin du cahier se trouvait des tentatives hasardeuses d’explications de sa maladie. Le tout était illustré par des dessins et des peintures toutes aussi éloquentes les unes que les autres. Xavier faisait cadeau à son psychiatre d’un manuscrit qui établissait l’état des lieux d’une vie, et qui plus est, d’une vie de malade mental, le bilan d’une existence.
Le docteur Joubaud referma le cahier qu’il mit sur le côté.
— Xavier, je vous trouve agité.
Xavier resta stoïque en attendant la suite. Le psychiatre poursuivit :
— Voici mon analyse, arrêtez-moi si je me trompe. Je pense que vous avez le désir de sortir d’ici.
— Non, ce n’est pas ça, rétorqua Xavier.
— Chut, laissez-moi terminer. Je sais que vous n’avez pas fait de demande de sortie depuis bien longtemps, mais cela ne veut pas pour autant dire que vous ne voulez pas sortir. Il y a ce qu’on veut et ce qu’on croit vouloir.
Le docteur Joubaud laissa un temps de silence pour laisser sa maxime faire son chemin dans la tête de son patient, puis il réattaqua :
— Je n’ai pu m’empêcher de penser à votre attitude depuis ce matin et je me suis interrogé. Qu’est-ce que peut bien vouloir un homme qui tient à honneur de régler ses comptes dans un endroit pareil ?
— Je ne sais pas, répondit Xavier. J’ai juste eu envie de me mettre à jour dans mes dettes. C’est tout.
— C’est tout mais ce n’est pas rien ! Laissez-moi vous conter une histoire qui vous aidera à comprendre. J’ai eu un patient en instance de divorce. C’était une situation très difficile à vivre pour lui, car c’était sa femme qui avait décidé de le quitter. Toujours est-il que ce patient me relatait avec quelle force il tentait en vain de faire le deuil de cette relation affective. Après plusieurs séances où je tâchais de l’aider dans sa démarche, il en vint à me dire que sa femme avait laissé chez lui quelques effets personnels. Malgré plusieurs relances de sa part, elle ne venait toujours pas les récupérer, arguant qu’il pouvait bien les garder.
L'électrochoc que devait provoquer cette histoire tardait à venir, aussi le docteur Joubaud se fendit d’une explication plus approfondie sur ce qu’il fallait saisir.
— Voyez-vous, cette pauvre femme était prise entre deux feux. Le feu de ses désirs lui dictait d’aller voir ailleurs, mais son subconscient, tout aussi puissant, la rappelait dans les bras de son mari. En gardant des affaires dans son nid, elle ne partait pas tout à fait. En fait, elle ne voulait pas le divorce. Elle s’en défendait hargneusement mais, au plus profond d’elle, elle ne le voulait pas.
— Donc si je m’acquitte de mes dettes, c’est parce que je veux partir d’ici ?
— Victoire !
L’enthousiasme du docteur Joubaud fit trembler sa lampe de bureau. Il s’était levé d’un bond et se tenait désormais en statut, l’index pointant vers le ciel, attendant que son euphorie atteigne Xavier par contagion mimétique. Cependant, celui-ci se contenta de regarder par la fenêtre.
Il y avait des années que Xavier avait fait le deuil de sortir de cet hôpital. Il s’était résigné à se considérer comme dangereux pour lui-même et pour les autres. En vérité, il ne ressentait pas du tout le désir de sortir. Il tourna la tête vers le docteur Joubaud qui était en train de se rasseoir.
— Mais vous savez que ce n’est pas possible dans mon état.
— J’ai reconsidéré votre état. Il me semble que nous avons réussi à stabiliser votre schizophrénie avec le nouveau traitement. En y allant étape par étape, je pense que je peux vous accorder une autorisation de sortie provisoire sous peu, disons avant cet été. Ainsi vous pourriez vous reconstruire.
*
Jean-Claude avait réussi à convaincre Myriam de retourner dans la maison afin d’attendre le moment propice pour aller à la clinique. Il ne se voyait vraiment pas expliquer aux médecins qu’une diseuse de bonne aventure, répondant au nom d’Annie, avait prédit que l’accouchement allait se produire sous peu et qu’il avait jugé bon de faire sept cents kilomètres, sans pause, pour amener sa femme jusqu’à leurs bons soins. Il était maintenant près de vingt heures, il avait installé Myriam dans son fauteuil fétiche, aucun signe objectif ne pouvait le convaincre qu’il avait bien fait d’écouter sa femme.
*
Xavier avait rejoint les autres patients dans la salle commune et avait mangé en silence. Les râles de Gérald, il ne les entendit pas. Même Paul, qui se pavanait comme une diva avec son écharpe autour du cou, ne put le sortir de ses pensées. Sa soupe engloutie, il se leva pour aller s’installer devant le téléviseur. Une légère douleur au mollet droit le fit un peu souffrir. En relevant son pantalon, il s’aperçut que sa jambe était un petit peu gonflée. Il s’affala sur le canapé ; la douleur s’estompa.
*
[à suivre...]